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Compte rendu de lecture N°5 Pages 97-98


Compte rendu n°5 D’un entretien de la parole de Martin Heidegger Corinne Simon, Frédérique Remaud, Marie Christine Chartier, Edith Blanquet. Pierroutine septembre 2018 p97 et 98

"Le cheminement qui recule, seul, nous mène de l’avant » p97. L’éloge du point de tige en broderie. Cela ramène à la provenance ...le train est en chemin mais à l’avant de là où il était. Ce qui le détermine, c’est qu’il est à l’avant d’un point où il est toujours déjà été : ce n’est pas un lieu arrêté. C’est ce mouvement du point de tige, faire un pas à l’avant et revenir à moitié à l’arrière du point d’avant et, on progresse en reprenant sans cesse...en provenance : venir à l’avant d’un endroit d’où tu repars. C’est ce mouvement du cercle herméneutique : faire un pas en avant, un demi en arrière pour reprendre l’élan comme chaque fois, assumer, hériter du mouvement d’avant...le mouvement de la pédale de la machine à coudre.

J.- « de l’avant », dites-vous, mais non au sens d’un progrès. C’est plutôt... comment dire... j’ai peine à trouver le mot adéquat. D.- « Avant », « devant », jusqu’à cette proximité la plus proche que nous sautons constamment, mais qui chaque fois nous sidère d’une nouvelle étrangeté, quand nous l’entrevoyons.

« Progrès » : un devant constant où ça ne recule pas... un devant qui serait le contraire de reculer « Cheminer » c’est progresser et reculer aussi donc, provenance : ce pas un peu en arrière pour avancer. Cela fait entendre le lieu non pas comme un « ici » géographique mais un « là », cette avancée reculante, ça avance en héritant sans cesse, en reprenant sans cesse.

« Jusqu’à cette proximité la plus proche que nous sautons constamment » quand on progresse, lorsqu’on fait des points à l’avant, il y a un saut, qui échappe mais qui peut tenir... comme dans la couture où on sent le saut ... ce n’est pas quelque chose de collé. C’est l’espace ( prendre part/ place auprès de) qui permet la tenue... ce proche, que nous sautons constamment. Nous n’avançons pas sur une marche où nous serions toujours en appui, il y a toujours ce « jeté », ce « laissé aller », ce « sauté » qui est ce mouvement de déséquilibre. On ne peut que s’approcher... ce mouvement infini d’approche. Lorsque l’on touche quelqu’un... on l’approche, on ne le touche pas, on le "rate" sans cesse. Il y a un écart, un saut. Le proche n’est pas quelque chose que nous pouvons arraisonner, agripper, saisir, il est une échappée. A la fois nous approchons, et approcher ne peut se tenir qu’à se "rater", éprouver cet écartement dans sa survenue surprenante, ce n’est pas un mouvement maîtrisable.

« Qui nous sidère d’une nouvelle étrangeté, quand nous l’entrevoyons » C’est étrange lorsque l’on sent tout ce que l’on "rate"... Ça évoque « je voudrais te manger », cette idée que chaque fois que je dis quelque chose il faut le redire parce que c’est étrange et je sais que je l’ai raté ou bien que je n’y suis qu’à encore m’y approcher... Les enfants lorsqu’ils disent « tu m’aimes ? Et maintenant, tu m’aimes ? » Dès que c’est dit, on mesure l’inouï et l’énormité de ça car ce n’est jamais arrêté, on ne l’a jamais saisi... Ce n’est qu’à dire encore... la différence entre la dite et la parole. C’est ce que Derrida appelle la différance (avec un a) : ce qui diffère sans cesse, ce n’est jamais collé, toujours ça écarte, ça appelle. C’est pour cela que Heidegger dit que nous sommes répondant à un appel d’être, ça nous appelle sans cesse à appeler par le nom, à dire... mais chaque fois que je dis, ce n’est jamais exactement ! C’est pour cela que la justesse est un éprouvé, quand ça sonne, ce n’est pas un contenu. On sent que ça sonne... un accord... Ereignis, faveur de monde, le temps « pour maintenant », le lieu « pour là » et qui aussitôt reconduit. Là où nous avons répondu, ça nous appelle encore, ce n’est jamais fini... contrainte (« exister, une contrainte à l’impossible » Maldiney). Heidegger dit, l’Ereignis nous accorde faveur de monde si nous savons nous incliner, nous recueillir pour rendre grâce, d’où l’importance de la mystique.

J.- C’est pourquoi aussi nous la laissons bien vite échapper du regard, pour nous en tenir à ce qui est courant et utile. Cette proximité, nous la laissons échapper pour nous en tenir à ce qui est pratique, « passes-moi le sel ! » on sait de quoi on parle c’est clair... on s’en tient à la dimension pratique de quoi que se soit sans mesurer l’inouï de cela.

D.- Alors, que le proche, toujours si vite sauté, aurait plutôt tendance à nous ramener en arrière. J.- En arrière, soit, mais où ? « Où ? », en arrière, mais où ? La question du « où », pose la question : que veut-on dire par « où ? » Est-ce qu’on parle d’un lieu géographique, c’est à dire qu’on peut mesurer mathématiquement ? ou est ce qu’on parle d’une proximité, d’un lieu d’habitation ?

D.- Dans ce qui vient en commencement ( in das Anfangende ) « Anfangende » : « le qui se commence encore », ça a déjà commencé et ça commence encore. C’est un verbe qui est à la fois du passé mais qui dit aussi une action en train de se faire... un toujours déjà commencé qui se commence sans cesse.

J.- J’ai peine à comprendre cela, si je dois le penser à partir de ce que vous en avez dit jusqu’ici dans vos écrits. D.- Et pourtant c’est vers cela que vous avez fait signe tout à l’heure en nommant le présent qui prend source dans l’appel que se lancent l’un à l’autre provenance et avenir. Cela réfère à la question du temps... comment pense-t’on le temps habituellement ? Qu’est-ce qu’on appelle « le présent » ? Ce rapport au passé et à l’avenir... ce qui n’est plus présent c’est le passé et ce qui n’est pas encore arrivé c’est l’avenir. Avec l’idée, que le passé a déjà eu lieu et que le temps se conçoit comme un écoulement, une ligne où il y a : le présent, ce qui est passé et qui est fini, tombé dans l’oubli, et ce qui va venir, que l’on peut imaginer mais qui n’est pas encore présent. De cette façon, on pense le temps comme une succession de « maintenant », le passé étant un stock enregistré, archivé dans la mémoire.

Chez Husserl : protention, rétention, présentation. La ligne du temps est une succession de maintenant infinie. Ce qui est passé est comme un morceau de sucre qui s’enfonce dans l’huile. Il dit que le passé est quelque chose qui a eu lieu, qui est encore un peu présent pour dire maintenant mais qui va s’enfoncer petit à petit et qui va tomber dans l’oubli. Par exemple, lorsque j’écoute de la musique, j’entends la note qui vient maintenant et qui petit à petit fait que c’est de la musique et pas un bruit. Je retiens encore un peu ce qui est déjà passé jusqu’à ce que ça tombe dans l’oubli et j’anticipe ce qui va venir, je le reconnais sans pouvoir dire ce que c’est, et qui fait que c’est de la musique et pas un coup de marteau. La conscience est la rétention de ce qui a eu lieu et la protention de ce qui va venir... quand je dis j’entends une sonnette, je m’attends à ce que ça dure le même son et c’est confirmé par le son qui vient.

Maldiney, pense que le temps « source », l’origine du temps c’est le maintenant, la durée du présent... Ce qui laisse entendre que le temps est situé : on a le passé qui est un stock, le présent et le futur. Le futur est un stock ouvert, il se verse dans le présent qui se verse dans le passé. Lorsqu’il dit fermeture à l’événement... soit c’est une fermeture, mais il faut l’entendre comme un mode d’ouverture du point de vue heideggerien, c’est à dire quelque chose dont je ne suis pas revenu ou, je n’y suis pas arrivé, et cela ne veut pas dire que ça a eu lieu ; une manière d’habiter.

La manière dont on pense habituellement la mémoire... les gestalts fixées, un traumatisme, c’est un événement qui n’est pas intégré, quelque chose qui a eu lieu et qui n’a pas été digéré ... comme des morceaux de temps qui sont passés et qui sont enkystés, c’est à dire qui sont tels quels parce qu’ils n’ont pas pu s’oublier et de ce fait nous agissent. Ils sont figés, déjà construits, (c’est pour cela qu’on repasse la relation avec papa et maman et on la nettoie autrement)... on revient dans le passé et on le revit tel quel avec des émotions intactes et stockées, pas des émotions nouvelles.

Chez Heidegger, le temps est extatique, c’est un rapport de tension. Le passé est un « maintenant » qui n’est pluset qui insi se manifeste et prend sa dimension "maintenant ne plus".

« C’est vers cela que vous avez fait signe tout à l’heure en nommant le présent qui prend source dans l’appel que se lancent l’un à l’autre provenance et avenir. » Présent : pré-sent : pré : devant, à l’avant de soi. C’est déjà en venue, ça vient à l’avant de... être été, mais ça vient, c’est en train de venir donc c’est une tension, un appel auquel nous humains répondons en y prenant place maintenant, en disant ce que nous faisons par exemple. Prendre place : il est temps de : moment pour, lieu pour... nous sommes là maintenant autour de cette table pour comprendre Heidegger. Ça nous donne un lieu et un motif... et tout à l’heure, nous serons assises à cette même table sauf que ce sera pour manger et il sera question d’autre chose.

Lorsque nous parlons de quelque chose qui s’est passé, ce n’est pas un passé stocké que nous appelons, mais ça fait venir un temps où il s’est passé quelque chose de particulier. C’est à partir de quelque chose dont on parle que l’on tisse un passé et un futur. Il faut l’occasion de quelque chose qui vient, de ce dont on parle, qui nous appelle à répondre en produisant un rapport passé/présent/futur... rapport que l’on n’aurait pas pu envisager avant et qui n’était pas stocké comme une boîte noire quelque part... (Comme un fruit : on ne peut pas situer la maturité à un moment !) Ça nous met devant quelque chose où nous devons nous incliner et que l’on ne peut pas programmer. Le présent prend source dans l’appel que se lancent l’un à l’autre provenance et avenir, appel dans lequel nous sommes toujours déjà répondant, appel à être, logos : cueillir et rassembler comme maintenant ne plus... maintenant pas encore.

"J.- Ce que, peut être vous présumez, je le vois plus clairement dès que je pense en partant de ce que expérimentons, nous autres Japonais. Toutefois, je ne suis pas certain d’une chose : à savoir si c’est bien le même que vous avez en vue." Il s’agit de la question : qu’est-ce que c’est progresser ? Qu’est-ce que c’est une pensée ? Qui a amené à cette digression, ces « tourner autour » qui sont l’avant, l’arrière. Et J. peine à penser cette idée d’entendre le « en arrière » comme ce qui vient en commencement. Ce qui vient, ça vient maintenant en commencement et pourtant il dit en arrière. Et cela, il le comprend à partir de la façon « dont nous faisons l’expérience au Japon », c’est à dire à partir de la présence pour les Japonais. « Toutefois, je ne suis pas certain d’une chose : à savoir si c’est bien le même que vous avez en vue ». Ça me parle par là, ma manière d’être au quotidien Japonais, mais est-ce qu’on peut dire que c’est le même ? Est-ce qu’on peut traduire exactement une pensée ? Traduire, c’est reconduire dans une autre langue donc c’est solliciter une autre manière de penser, ce dont on essaie de penser. On est sur le même thème mais on ne peut pas être dans l’identique. On est sur ce thème global de l’herméneutique, de, qu’est-ce que c’est le sens ? La présence ? etc... ça tourne autour de ça.

« Je ne suis pas certain d’une chose » il mesure combien il est présomptueux de prétendre avoir compris quelqu’un.

D.- Voilà ce qui pourrait s’avérer dans notre entretien » On pourrait découvrir ce qui pourrait devenir vrai, ce qui pourrait apparaître. Dans notre entretien on pourrait découvrir que l’on pense se comprendre et qu’en même temps, ce même dont on parle nous échappe. La manière dont cet entretien commence à s’ouvrir, amène à prendre encore plus attention aux mots que l’on emploie, à revenir sur ce qui vient d’être dit... une pensée en chemin. Et aussitôt la question revient.

J.- Pour nous, il ne parait pas étrange qu’un entretien laisse dans l’indéterminé ce que l’on a proprement en vue, plus encore : qu’il le ramène à l’abri dans l’indéterminable. Il dit « pour nous » plutôt que « pour tout le monde ». Il ouvre à entendre, que si l’on travaille avec la notion de forme : quand je comprends « pour nous », je comprends déjà « pas pour tout le monde ». Il y a un implicite, un indéterminé qui se dévoile... « Pour nous », je ne l’entends que du rapport « à nous » par rapport « aux autres »... tenu d’un rapport : la figure « pour nous », le fond « pas pour tous ». Nous sommes vraiment dans la posture thérapeutique : tu dis ça à la place de... (Je m’aperçois que vous dites « pour nous », est-ce que je peux entendre « pour nous » comme nous sommes dans une situation privilégiée... c’est pas pour les autres ?... privilégiée ?... Ou bien ? Et nous pourrions continuer à épaissir) « Il ne paraît pas étrange... » à nous, cela ne paraît pas étrange. Cela donne à entendre que pour la plupart des gens, lorsque l’on s’entretient, on vise à déterminer, rendre clair, mettre la pleine lumière.

« Pour nous, il ne parait pas étrange qu’un entretien laisse dans l’indéterminé ce que l’on a proprement en vue, plus encore : qu’il le ramène à l’abri dans l’indéterminable. »... on ne cherche pas à vouloir éclairer, éclaircir sans cesse, à mettre la pleine lumière, celle de la raison. On ne cherche pas à épuiser le sujet, à en avoir fait le tour, à l’avoir maîtriser.

La pensée est un chemin. Toute pensée est une œuvre. Une œuvre, c’est un chemin. L’œuvre, c’est l’ouvrage de l’artisan et la plupart du temps nous la regardons comme quelque chose de terminé. L’œuvre ouvre à l’égard car, à chaque pas, l’artisan doit faire avec ce qui est là... Quand il travaille avec une cuillère, il ne sait pas comment le bois va réagir, donc le geste ne peut pas être maîtrisé comme celui d’un robot qui va faire chaque fois un geste identique... la reproduction a l’identique associé au geste parfait... des verres identiques pour faire un service assorti.

Si l’on s’entretient, c’est bien qu’on a quelque chose en vue, qui n’est pas déterminé, que l’on prend le temps de s’en entretenir, de le regarder. Il dit qu’il ne paraît pas étrange qu’un entretien laisse dans l’indéterminé, alors que lorsque l’on s’y entretient, c’est l’indéterminé de ce que l’on a en vue que l’on vise à éradiquer pour qu’on le voit pleinement. Il dit, « plus encore », non seulement ça ne paraît pas étrange mais qu’il cherche, dans l’entretien, à préserver le mystère de ce que l’on a en vue, que l’on veille à préserver toute la dimension d’éclaircie... on ne veut pas le déterminer, c’est à dire que « notre manière » de nous entretenir, ne vise pas au rendre compte scientifique.

« Qu’il le ramène à l’abri »... prendre garde, ramener à l’abri l’indéterminable lui-même, en prendre soin. C’est à partir même de l’indéterminable que quelque chose va pouvoir se tisser et amener à un niveau de vérité autre que « le pleinement éclairci ». C’est le chemin de tourner autour, qui va être l’occasion d’une qualité de présence, et non la justesse d’un énoncé. On ne cherche pas à rendre raison mais à prendre soin de la manière d’être humaine, au monde... une manière d’habiter la parole.

D.- Cela fait partie, à mon avis, de tout entretien réussi entre gens qui pensent. Un tel entretien a, comme de soi-même, pouvoir de prendre garde à ce que non seulement cet indéterminable ne s’échappe pas, mais que, dans le cours de l’entretien, il déploie de façon toujours plus rayonnante sa force de recueillement.

« Réussi » c’est classiquement avoir atteint son but, ne pas avoir échoué. Le titre s’appelle « D’un entretien de la parole », à la fois on s’entretient sur la parole et on vise à prendre soin, à entretenir la parole. « Un tel entretien », est-ce la manière de se parler ? Où est-ce aussi prendre soin de la parole ? Nous ne pouvons pas trancher, c’est à la fois l’un et à la fois l’autre... pourtant, ce n’est pas le même... je parle en prenant soin, j’entretiens en entre-tenant. Prendre garde à ce que l’indéterminable ne s’échappe pas et qu’il déploie de façon toujours plus rayonnante sa force de recueillement veut dire, revenir sur soi, s’incliner devant quelque chose qui m’échappe et qui est indéterminable, une forme de mystère qui me rassemble. Se recueillir appelle à quelque chose d’une épaisseur, d’un mystère, et ça me rassemble dans un mouvement qui n’est pas de maîtrise... je m’incline devant quelque chose qui me dépasse. Le recueil est une posture d’humilité. C’est l’indéterminable même qui conduit à recueillir donc à rassembler, et pourtant, il n’est pas quelque chose. De ce point de vue là, un entretien réussi, est un entretien qui laisse ouvert et qui augure que chacun repart avec une manière de penser qui va le faire cheminer et qui va l’amener à produire du nouveau. Dans le recueillement, ce n’est pas moi qui pense, il y a quelque chose qui me questionne et qui me traverse... c’est un indéterminé qui prend tout son déploiement, et il s’agit de veiller à ne pas l’éradiquer... le recueillement n’est pas de l’ordre d’un faire pratique, il y a autre chose...et tous les gestes peuvent devenir recueil, un égard devant les choses simples qui ouvre une harmonie, quelque chose qui s’accorde.

J.- Cette possibilité-là de réussir, voilà sans doute ce qui manquait dans nos entretiens avec le comte Kuki. Nous autres, plus jeunes, nous exigions trop directement de lui qu’il satisfasse notre volonté de savoir par des informations commodes à manier. Souvent dans une approche, on essaie de vouloir maîtriser, vouloir savoir, vouloir comprendre plutôt qu’éprouver.

D.- Vouloir savoir, la rage d’avoir les explications ne nous mène jamais à un questionnement qui pense. Vouloir savoir est toujours déjà la prétention masquée d’une conscience de soi-même qui se réclame d’une raison inventée par soi et de la rationalité de cette raison. Vouloir savoir ne veut précisément pas attendre devant ce qui est digne de penser.

« Vouloir savoir », c’est vouloir ânonner des concepts, c’est vouloir maîtriser... c’est prétendre vouloir dire « moi, je sais ce que dit untel et je vous l’explique » « Une raison inventée par soi et de la rationalité de cette raison » comment on définit la vérité ? Adaequatio, intellectus et res. Res : raison, intellectus et res : rendre raison. Rendre raison de quelque chose, c’est déterminer que quelque chose est vrai quand ce que j’en pense correspond à ce que je vois... c’est une raison qui est inventée par soi, je suis au fondement de la raison. Descartes : quelque chose est vrai quand ce que je dis correspond à ce qui est. Cette raison, est la correspondance d’une idée, d’un rendre raison, ce que je veux et ce qui est. C’est la manière de plier ce qui est à ce que je raisonne, à ce que j’ai déterminé d’avance comme devant être cela. En ce sens, la raison serait inventée par une conscience qui en serait le détenteur. Avant, la vérité était l’affaire de Dieu, c’est lui qui la mettait en moi, c’est lui qui était le garant des représentations mentales, nous ne pouvions avoir foi qu’en la vérité de Dieu. Depuis la mort de Dieu, c’est l’homme qui raisonne, et l’adéquation entre ce qui est et ce qu’il pense est une manière de dire qui vise à éradiquer l’indéterminé... la pensée scientifique. C’est « une raison inventée par soi et de la rationalité de cette raison » avec l’idée que la raison, c’est moi qui la produit et que cette justification, elle est le signe même de la rationalité, de ratio : rendre compte, vérité, justifier. C’est la place de la conscience humaine comme lieu de la vérité, et garante des vérités... vérités qui doivent être clairement raisonnées. Descartes : la raison des modernes, la subjectivité moderne : le sujet devient l’être humain alors qu’avant, « subjectum » était, ce qui est au fondement de... ce n’était pas un synonyme de « l’humain » ( la tasse pouvait être au fondement de la soucoupe) Il dit que « Vouloir savoir ne veut précisément pas attendre devant ce qui est digne de penser. » L’excès de mise en avant de l’ego, précisément ne sait pas attendre devant ce qui est digne de penser, ça veut de suite avoir la réponse. Le prêt à penser...c’est Télérama qui te dis ce que tu dois penser du film.. et tu dis qu’il est nul sans l’avoir vu. Ce qui est digne de penser, c’est cela même qui nous laisse question ; être est le plus digne de penser (Être et Temps)... digne de penser, c’est quelque chose qui n’en fini pas de nous questionner, une question qui est question.

J.- C’est ainsi, de fait, que nous voulions seulement savoir en quelle mesure l’esthétique européenne était susceptible d’élever à une plus grande clarté cela à partir de quoi notre art et notre poésie reçoivent leur déploiement. « Seulement » qui révèle l’implicite que l’on aurait pu en faire le tour ...et que ça ouvre un sac de noeud.


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