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Compte-rendu N°7

Lecture des pages 68 a 73.


Groupe de lecture de Carcassonne « Séminaire de Zurich » Martin HEIDEGGER éditions Gallimard, traduction Caroline Gros   Edith Blanquet,Yannick Marques, Guy Minaudier, Marie-Christine Mistral, Marie Sarda, Denis Touzet.     Compte rendu de lecture « Séminaires de Zurich », Carcassonne, janvier 2012/ lecture des pages 68 à 73.

« ……on ne peut pas simplement palabrer et employer pour les mêmes choses n’importe quel terme appelé synonyme »page 68. L’organisme n’est pas le corps, le self n’est pas la personne etc…La parole est le là où nous séjournons et il n’est pas sans conséquence d’employer tel ou tel mot...le monde est un réseau signifiant, un réseau langagier. De même dans notre travail de thérapeute nous portons une attention à la manière dont un dire s’articule que ce soit en mots ou en gestes...

« Maintenant il est 21 h 37….à savoir quand le soir sera à nouveau venu  » Le passé est possibilité de devenir, en cela il n’est pas dépassé ; le temps immuable représente ce qui est répétitif, nous avons la même manière de l’indiquer (indication temporelle). Pour dire l’heure j’implique le temps, pour dire le temps j’ai déjà une pré-compréhension du temps. « Pourquoi le maintenant est-il toujours un autre maintenant ?... » Cela amène à prendre conscience du maintenant qui est toujours en train de s’écouler. On peut penser que ce maintenant a pour origine un passé ( une cause qui le détermine), ou bien, lorsqu’on travaille en Gestalt-thérapie d’un point de vue de champ, le maintenant est tension vers un next : c’est l’avenir qui in-forme ce qui est et ce qui a été. L’avenir est dimension d’émergence, rapport ouvrant ce qui est maintenant et ce qui n’est plus maintenant. C’est la provenance qui détermine le présent et le passé, le next lui, est ouverture vers la forme que va prendre le présent, une forme toujours en voie et jamais arrêtée . Rappelons nous que la forme est tenur d’un rapport : figure/fond.. C’est à même l’ensuite que s’organise le maintenant d’hier et le maintenant d’aujourd’hui. L’idée classique est que le maintenant c’est ce qu’on tient en main, c’est ce qui dure et ce qui est éternel. Or le next est toujours déjà en marche, en pro-venance. Si on travaille à partir des formes figées ( ou Gestalt fixée), on a pour projetde régler , de réparer le passé et celui-ci est alors pensé comme un stock archivé quelque part dans le cerveau....

Dans le mouvement de la présence : pré-sence -à l’avant de-,ce qui s’ouvre, ce qui est toujours déjà ouvert, c’est l’ensuite en vue duquel je me comporte maintenant. On pourrait associer cette dimension de la présence au rapport figure/fond de notre travail en thérapie. L’être humain est toujours rapport, ce qui fait qu’en même temps toujours c’est moi et ce n’est pas moi, un soi est bien plus qu’un moi. Le moi s’entend comme ce que je sais « de moi », le soi est ouverture pour pouvoir être encore. Pour Aristote (« Traité de l’âme ») le fondement de tout vivant c’est le toucher, le tangible. Par le toucher, on a l’impression qu’il n’y a pas d’espace : toucher c’est se tenir tout contre, réduire la distance . Or c’est le contact qui médiate . Le contact informe un proche, il es-pace. Si je ne peux pas espacer nous nous trouvons dans le sans distance de la psychose. Es-pacer : ouvrir places et contrées à même mes allées et venues, mes comportements. Espacer est un pouvoir être du Dasein, une manière de pouvoir séjourner auprès d’un monde qui devient familier dans la mesure où il prend signification par mes gestes : la salle de bain pour me laver… Le temps c’est une manière d’être situé… il faut toujours lier le temps avec la tonalité ; moi en tant qu’être humain, traversée langagière, je suis toujours en train de tisser une continuité de ce que j’expérimente . Expériementer c’est con-sister, se tenir auprès, espacer, signifier un avant et un après. je suis toujours déjà d’une certaine façon -quotidienneté- et donc j’ai toujours déjà compris le temps comme une succession chronologique qui a à voir avec les moments qui font sens et prennent forme d’un vécu -un éprouvé, une épreuve : la manière dont il y va pour moi de pouvoir être ainsi ou autrement - ici maintenant et ensuite. C’est le temps de l’identité narrative (Ricoeur), celui du déploiement du self en mode personnalité : ouvrir en direction d’un passé, l’entendre comme une manière d’informer le next . En tant que Gestalt thérapeute je dois accepter que je sais toujours déjà, que je suis toujours pris dans une quotidienneté : toujours je suis occupé de ce que je fais et de comment je le fais, une façon de temporer que l’on appelle expérimenter.

Pour Maldiney c’est le présent qui détermine la temporalisation, mais pour Heiddeger c’est le futur, le à-venir. Le temps est en tout cas une manière humaine d’être situé. Je suis toujours déjà et j’ai à donner sens à ma manière d’être comme un maintenant d’où se distingue un avant et un après. Le temps est ma manière de me situer toujours quelque part entre ma naissance toujours déjà passée et ma mort toujours à venir : ce moment là du temps qu’il m’est donné pour exister encore, en vue de ma possibilité suivante, non déterminée par avance . Donner forme à ma présence comme passé c’est signifier ma manière d’être maintenant au regard de ma manière de ne plus être et au regard de ce que je vais être ensuite : un rapport qui m’éprouve et prend ces formes-là et tisse une continuité de ma présence : une chronique quotidienne. Mon travail c’est toujours de dévoiler ce qui se passe maintenant, donner forme au processus (un procès) : la présence –praesens- étant/ être à l’avant de soi. « Comment le moment d’avant et celui qui vient après se rapportent-ils au maintenant ? Entre le moment d’avant et maintenant, et entre maintenant et le moment d’après, il y a toujours du temps qui passe » je détermine chaque moment dans un rapport à ce qui se passe en relation à quelque chose dans lequel je suis engagé. Le maintenant est donc bien un rapport : il est cette possibilité de signifier, donner forme au séjour mondain :temporer, donner forme à une histoire mienne .

Pour dire maintenant, je dois avoir une idée du temps (en terme de succession, de direction) pour dire l’espace, j’en réfère habituellement aux 3 dimensions de l’espace Euclidien : verticalité, horizontalité, profondeur. Maintenant a, en soi, une dimension : celle de s’étendre, le temps s’écoule, on peut dire que le passé a un lien avec ce qui est en-venue, le ensuite. Il ne prend sens que dans ce rapport qui donne signification à mes gestes : maintenant c’est-à-dire le moment pour ceci et non plus pour cela et pas encore pour cela. « Cependant, au moment où nous commençons à compter le temps, nous ne prêtons plus attention à l’instant d’avant et à l’instant d’après, mais uniquement à la succession des maintenants », page 70, quand on compte le temps on perd les caractères d’être du temps, le s’étendre, pour en faire un nombre qu’on additionne.

Le temps est la mesure du mouvement, c’est à dire le temps est la durée d’un geste compris comme déplacement d’un point A à un point B. On le mesure en tant que durée de déplacement, donc le temps est lié à la distance. Le temps et l’espace sont insécables (cf la vitesse de la lumière, l’horloge où l’on mesurait le déplacement d’une aiguille autour de son point de fixation , on mesure la distance parcourue, le temps comme course d’une aiguille. En orient il y a la mesure du temps avec le cycle des saisons..Heiddeger dit que dans tous les cas le temps n’est pas déterminé en tant que tel : pour définir le temps on a toujours besoin d’avoir déjà compris le temps même quand on le détermine comme déplacement. Qu’est ce que le temps ? On pourrait dire que c’est toujours quelque chose de « l’attendre » .Pour qu’il soit, il faut qu’il soit donné : en présence. Or on rate la définition du temps (comment on l’entend) car le présent, dans nos représentations, découle du passé. C’est la façon quotidienne d’avoir toujours compris l’être et le temps. On ne sort pas de l’évidence naturelle, et pourtant c’est à même ce qui est familier que se découvre l’étrangeté : un rapport de sens. Selon Heidegger, d’emblée les choses me sont d’évidence comprises . Or percevoir ne m’est pas donné uniquement par les yeux.( J’ai des yeux car il m’est donné de pouvoir voir, les yeux eux ne voient pas). Chez Husserl, on parle d’intuition catégoriale : cela veut dire que la notion de catégorie n’est pas une construction cognitive, elle nous est donnée a priori : la forme est d’emblée manifeste et pas construite par assemblage de parties ( cf lois de la Gestalt-théorie). Le percevoir (prendre pour vrai) est une forme du comprendre. Ici il n’y a plus de distinction entre théorique et pratique... Tout comme le dévoilement est un mode du dévalement qui est lui-même un mode du dévoilement : rapport à l’être comme question ; ouverture à être (on n’en sort pas)...


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