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Compte-rendu N°22

Lecture des pages 198-211


Groupe de Carcassonne du 14 mars 2013 . Compte-rendu N°22

Lecture de « Séminaires de Zurich » par Martin HEIDEGGER éditions Gallimard

Présents : Edith BLANQUET- Marie Christine MISTRAL- Marie SARDA – Denis TOUZET

Nous nous sommes attablés ce soir à la lecture du Séminaire du 1 mars 1966 pages 198-211 1 mars 1966

Heidegger évoque la comparaison faite par Médard Boss : les séminaires de Zurich seraient une cure Heidegerienne en comparaison avec la cure freudienne. Il les décrit comme une thérapie de groupe dont le projet se dit ainsi : « une thérapie qui laisserait libre, un laisser voir plus conforme à la constitution de l’être humain »P198 C’est-à-dire une constitution conforme à la pensée de l’être humain comme être-le-là : une ouverture à être qui laisse venir à la présence tant soi-même qu’un monde. Comme dans la cure psychanalytique il est question de résistance, nous pouvons regarder quelles sont les résistances à cette cure heidegerienne : Deux sortes de résistances sont évoquées :
  On dit que la manière de déterminer des sciences de la nature est seulement pertinente pour la physique classique et non pour la physique atomique.
  On dit que la psychothérapie n’est ni un processus physique classique ni un processus nucléaire. Heidegger recommande de prendre appui sur le texte « la science et le monde en péril » de F. Wagner. Dans cet écrit, l’auteur montre que le caractère essentiel de la physique est valable pour la physique nucléaire et même au-delà. Pour rappel, cette question de la physique a été ouverte lors du séminaire du 11 mai 1965 (p126) où il a été question du texte de Hugglin concernant les maladies psychosomatiques. Cela avait conduit à interroger les rapports psyché-soma. Heidegger nous avait conduit à méditer ce que critiquer veut dire : dégager en quelle façon la critique concerne un même étant avant même d’en effectuer des distinctions. Chercher d’abord sur quel sol commun une différence peut se manifester. Ce qui était apparu : comment discriminer psyché-soma ? De quelle manière établir celle-ci ? Et cela avait conduit à poser le problème de trouver une manière de mesurer, de prouver ce qui est de l’ordre de psyché-soma : cela avait posé la question des critères de vérité scientifique quand il s’agit de l’étant qu’est l’être humain ?

Puis Heidegger nous invite à nous pencher sur ce que « séminaire » veut dire : du latin seminarium qui veut dire pépinière ; de semen la semence. Le Littré nous dit qu’un séminaire est une maison ecclésiastique où l’on prépare, dans chaque diocèse, les jeunes clercs à la réception des ordres. Par extension c’est un établissement où l’on forme à une profession quelconque. C’est également un groupe de professionnels réunis pour étudier des questions qui ont trait à la spécialité. Ainsi peut-être que nous devrions parvenir à semer quelques graines pour une méditation qui ici ou là, pourrait s’épanouir. (Page 199) Heidegger situe le séminaire dans la lignée du propos de Socrate disant que « le plus difficile est de dire le même à propos du même ». Il reprend ce que l’on dit : que la définition donnée de la physique est désuète ; qu’elle est sans conséquence pour la psychothérapie. Il pose alors la question de définir les caractéristiques de ces propos .Ce que dit une telle critique c’est cela : la manière de penser est obsolète et ne va pas à l’essentiel. Heidegger nous invite alors à nous demander que veut dire « critique » ? du grec krinein = discriminer ;juger. Cette question a été posée lors du séminaire du 11 mai 1965 pages 126 127. Rappelons-nous que critique veut dire faire voir ce qui diffère. Un tel différer ne peut se révéler qu’à partir d’un même préalablement donné. Chaque discrimination porte au regard un même. Ainsi une critique est une démarche positive et non péjorative. Il nous rappelle également qu’une telle critique est rare. Questionner sur le mode critique veut dire alors vouloir faire apparaître le même, faire apparaître l’étant dont il est question et à partir duquel une distinction advient.

Lors du dernier séminaire nous avons caractérisé la méthode des sciences de la nature moderne. Une telle méthode constitue ce qu’elle vise (un étant) en objet. Et nous avons vu que cette manière n’avait pas cours auparavant. La nature a été transformée par les sciences modernes afin de la rendre apte à être quantifiée, prouvée selon les prémices de la vérité scientifique. (Page 200) Ce projet d’arraisonner la nature et de la rendre prévisible nous vient de Newton et Galilée qui ont accompli les premiers pas décisifs dans cette direction. « Ce qui prévaut c’est comment la nature être présentée, non ce qu’elle est » le projet de ce séminaire précédent était non pas de penser sur la caractérisation « classique » de la physique mais de se pencher sur la physique elle-même, sur ce dont il s’agit tant au regard de la physique classique que de celle atomique ( penser avant tout le même, le faire apparaître ; ici « physique »). D’abord il nous fallait dégager le trait fondamental de toute la physique (le même, l’étant dont il s’agit) et ce avant d’en voir la discrimination qui caractérise cette physique comme classique plutôt que comme atomique. Toutes deux ont une même méthode à savoir le projet de rendre calculable la nature (phusis) et ses processus.

Une telle représentation objectivante de la nature prend appui sur le principe de causalité (Kant « critique de la raison pure ») : « tout ce qui arrive présuppose quelque chose à quoi il succède suivant une règle. » Cela veut dire que l’on peut déterminer ce processus dans ses moments futurs ; en être assuré… Et nous voyons combien notre époque fonctionne selon ce principe (voir les statistiques, les prédictions météo etc.) (Page 201) Ce principe a été formulé par Heisenberg : il a dit que par principe nous ne pouvons pas connaître totalement le présent dans sa détermination et que donc un tel présupposé était invalide. Il a fondé cela sur le principe d’indétermination de la physique quantique. Ainsi Heisenberg a conclu qu’il était établi que le principe de causalité était invalide. En fait, nous dit Heidegger, le principe de causalité n’est pas invalidé car sans cela on n’aurait pas pu construire une bombe atomique. Ce qui est important c’est la mesure, le calcul amplificateur précis, univoque et intégral… Autrement dit la sécurisation totale.

Lors de notre séminaire précédent nous avons pu définir la physique classique en nous penchant sur ce que « science » veut dire et en prenant pour départ la critique faite à la Daseinsanalyse d’être opposée à la science. Une telle critique adressée à l’encontre de la Daseinsanalyse veut dire que la science est d’évidence la science au sens de la physique. Ainsi la science de l’être humain doit être conforme au projet de la science physique c’est-à-dire un projet de rendre calculable et prévisible tout comportement. Une telle méthode produirait une machine humaine. Déjà à son époque, Heidegger nous dit que : « de nombreux signes indiquent que l’exploration scientifique ainsi spécifiée, et la production de l’être humain, sont déjà effectivement en marche » Que dire de notre époque on nous parlons de pacemakers cérébraux et où tout comportement est réduit à des processus de neurotransmission, où la passion est dite biologique ! Là Heidegger ne mâche pas ses mots et parle de « fanatisme de la volonté inconditionnée à vouloir le progrès pour le progrès » même au prix de perdre toute dimension quant au mode d’être-au-monde de l’humain à savoir une habitation langagière et non pas une instance métrique…

Cela nous pose deux questions :
 comment établir la scientificité d’une science si nous ne nous en tenons pas au seul mode de la science physique moderne ?
 Quelle méthode serait plus propice pour voir cet étant qu’est l’être humain et qui concerne la psychiatrie et la psychothérapie ?

(Page 205) Nous voyons aussitôt que définir la science implique simultanément définir l’être humain. Car en effet la science est une manière de se comporter de l’homme lui-même ! Ceux qui caractérisent la Daseinsanalyse comme hostile à la science ne sont pas « suffisamment instruits » de ce qui caractérise en propre la physique comme modèle de la science moderne. De même ils ne sont pas capables de dire ce que serait une approche scientifique de l’être humain pour parvenir à la distinguer clairement de la recherche scientifique qui régit la science moderne.

Le projet d’éclairer la physique vise bien davantage ici à porter un regard quant à une science qui donne la mesure a fin de rendre visible la possibilité d’une science de l’être humain. C’est cela le projet de ce séminaire. Pour y parvenir il nous fallait nous demander quel est le trait essentiel de la science en général.

Avant de formuler une réponse, nous devons vérifier de quelle manière la science de l’être humain qui a cours de nos jours expérimente l’être humain ? De quelle manière elle décrit les possibilités propres à l’être humain ? Pour cela Heidegger nous propose un texte portant sur le stress à partir duquel il interroge les participants en leur demandant ce qu’ils pensent de cette « enquête ». Heidegger prend appui sur des articles de la presse médicale pour nourrir la critique. Il invite les participants à prendre en vue et à regarder tout en tenant compte de l’humain compris comme être-au-monde, l’être humain et sa chair. Un participant nous dit qu’il trouve flou l’usage des mots tels que « excitation, stimulus de stress ». Heidegger valide ce propos et le caractérise comme une critique négative puis il invite à chercher comment nous pourrions dire une critique positive ? Il s’agit de demander ce que stress veut dire ? (Page 204) Il nous rappelle que s’interroger ici ne veut pas dire arrêter une définition de la manière dont on définit un concept. D’abord nous devons apprendre à regarder le phénomène. Que veut dire pouvoir stresser pour un être-au-monde ? Un tel phénomène peut-être polysémique (en entendre l’épaisseur signifiante, l’habitation langagière propre à l’humain). Une telle polysémie n’est pas ici une défaillance, un manque de précision ainsi que le conclurait la méthode calculante. La question devient alors de trouver la façon de rendre manifeste cette polysémie de signification de « stress » : stress veut dire sollicitation, charge, une intensité. Cette charge se fonde sur la manière d’être-au-monde ek-statique de l’homme : l’existence ; un existential c’est-à-dire une manière d’avoir à se tenir eu égard à la question d’être. Ek-stase veut dire une ouverture : l’être humain est toujours déjà interpellé par l’étant qu’il n’est pas lui-même : toujours il a à être, toujours un rapport, un au-delà, une transcendance. Il n’est pas à l’intérieur de lui, il est toujours auprès de, ouvert à… Exister veut dire être interpellé et avoir à répondre de cela (en y trouvant sa tenue, sa fondation, à l’absence de tout fondement pré établi, de tout lieu assuré : être-le-là). Ainsi « la charge » est ce qui maintient en vie ; ce qui nous meut et nous émeut. (Nous pouvons penser là à « l’ensuite » de Gestalt-thérapie). Seul un être-au-monde peut éprouver une telle charge : avoir à être, à devenir qui il est ; une tension à se donner forme. Un être humain pensé comme monade, comme immanence, ne peut pas entendre cette idée de sollicitation, de charge. Stress veut dire une charge, une tension vers. Et cette tension, cette charge appartient au dévalement existential : une façon de ne pas être chez soi dans la vie quotidienne, d’être toujours déjà en quelque manière étant et en même temps appelé à être. Si « le stimulus de stress » est une affection, une manière d’être concerné par quelque chose, alors « stimulus de stress » dit deux fois la même chose. (Page 205) Si par abstraction on isole une sensation, stimulus prend un sens différent de celui de la vie quotidienne d’un homme dans son monde : par exemple un beau paysage stimule un homme c’est-à-dire l’invite à séjourner. Quand on isole on peut parler par exemple de stimulus acoustique ; il n’est plus ici question d’être ensemble avec autrui. L’expérience quotidienne humaine n’est pas de même nature que l’expérimentation scientifique.

Stimulus nous dit une manière d’être sollicité, d’exister. L’homme est toujours orienté sur une situation particulière c’est-à-dire une manière d’être-au-monde, une manière d’être tourné d’une certaine façon, disposé, qui est tout autre que de tomber dans un monde compris comme récipient. L’être-au-monde est un existential. Il nous est toujours déjà donné d’être-au-monde, factivement nous sommes au-monde. Il ne s’agit pas là de le prouver comme on prouve une hypothèse. Quand on évoque la situation immédiate comme l’association d’un je plus d’un corps physique plus d’un monde, un tel découpage ne peut se faire que sur la base d’une unité première toujours déjà donnée (et cela nous invite à penser à partir des principes de champ de la Gestalt-thérapie et de la notion de forme). Être-au-monde c’est une unité de base qui peut être portée au regard selon divers points de vue. Cela veut dire qu’il ne s’agit pas d’un assemblage arbitraire mais d’une différenciation au sein d’une unité essentielle.

L’enquête ( le livre cité) nous dit que l’homme est toujours au monde et pourtant elle décline cela sur la base d’une représentation. Être au monde est représenté comme une composition d’éléments épars. Ce qui est ici raté c’est l’être-au-monde comme phénomène existential. L’idée même d’être séparé ou non n’a aucun fondement à partir de la réalité d’être-au-monde. (page 206) Néanmoins ces textes nous permettent des esquisses fécondes pour une réflexion phénoménologique éclairante. Le titre même dit : « se sentir bien et se sentir mal ». Un tel « se sentir » nous dit « comment vous sentez-vous ? » C’est-à-dire « comment allez-vous » ? Nous ne questionnons pas là un corps biologique mais une tournure, une manière d’être-au-monde c’est-à-dire d’habiter avec autrui. La tonalité atmosphérique n’est pas une sensation biologique. Un tel se sentir doit se distinguer de ce que « Être et temps » nomme disposibilité ou disposition (Befindlichkeit) : la disposition est une manière d’être tournée au-monde qui donne le ton, la saveur d’être ensemble avec autrui et soi-même. C’est la disposibilité qui fonde que nous nous sentons bien ou mal. La disposibilité se fonde elle-même sur l’être-livré à l’étant dans son ensemble ; être-jeté. Etre en jet de monde… Être-jeté est toujours déjà une manière d’entendre, d’être disposé. Être-jeté et entendre (s’y entendre avec quelque chose ; une façon de connaître autre que le savoir raisonné) se fonde sur une unité qui est la parole, un autre existential. La parole : ça nous parle, ça nous donne à entendre et nous nous y entendons avec. Ici la parole est un dire : une manière de donner à voir l’étant. Une manière de pouvoir être qui nous touche, qui nous concerne et par où il y va de notre séjour mondain. L’humain est celui qui est interpellé (« stimuli ») par l’être en tant qu’il est ouvert pour des manières de pouvoir être avec autrui. Un dire qui l’invite à entendre et à se déterminer c’est-à-dire à prendre en vue sa manière d’être toujours déjà tourné vers le monde. Être interpellable c’est cela qui augure la possibilité d’être sollicité. Le stress a le caractère fondamental de pouvoir être interpellé (ça nous met en mouvement ça nous charge et nous concerne) par une parole. Ici la parole n’est pas une technique de communication mais une manière de se manifester, de venir à la présence, du phénomène. Tout phénomène est un acte parlant et nous le prenons en charge. Cette parole existentiale à la forme d’un dialogue : être appelé à être, interpellation à laquelle nous répondons en donnant forme (sens, direction, signification) par notre manière de nous com-porter. Le stress s’inscrit ainsi dans un dialogue c’est-à-dire un « parler » avec les choses : entendre quelque chose de l’étant, accueillir un dire d’être et y répondre en nous laissant affecter. C’est ainsi que le cercle herméneutique et la constitution essentielle de l’être humain qui caractérise sa finitude : une ouverture à être limité en possibilité d’être ainsi ou autrement. Heidegger nous énonce tout cela est conclu que nous n’avons pas encore toutes les bases pour comprendre un tel énoncé.

3 mars 1966 (page 207)

(page 207-208-209) Ces trois pages résument ce qui a été abordé concernant la démarche de la science moderne et la question cherchant une science adéquate pour comprendre l’être humain. Heidegger y résume aussi la question du stress. À la fin du dernier séminaire Heidegger nous a parlé du dire et du dialogue comme trait essentiel de l’être-au-monde. Ainsi il a introduit un mode de la parole autre que celui de la science moderne ; un mode propice à la poésie, à la polysémie ce qui n’est pas le cas du mode conceptuel univoque de la science physique moderne. Stress veut dire être sollicité et cela demande un correspondre c’est-à-dire un appel et une réponse à l’appel. En tant qu’existant nous sommes toujours ouvert pour des manières d’être ; nous sommes appelés à être d’une façon ou d’une autre. Dans la vie quotidienne nous sommes toujours déjà disposés. Et cela trouve son fondement sur cet état d’être-livré/ jeté au sein de l’étant. Parler de stress nous donne à entendre autre chose que parler de sollicitation. Le mot nous invite à entendre bien plus que nous disons par lui. Ainsi changer de mots c’est voir également un autre phénomène. Dégager une vue, s’y entendre autrement ; n’est-ce pas cela que nous travaillons lorsque nous parlons d’orientation selon les modalités de déploiement du self ? Ce qui s’adresse à nous nous invite à prendre place auprès, nous sollicite. Solliciter : nous avons la possibilité d’être ; un phénomène qui vient à sa manifestation à partir de lui-même (apophainestai). C’est ainsi que la langue a pour essence dire et montrer. Nous sommes loin d’une manière de penser la langue comme technique ou outil de communication d’un cerveau.

(Page 209) Heidegger nous propose de méditer ce par quoi l’être humain est concerné c’est-à-dire le monde dans lequel il séjourne. Il évoque l’ego cogito de Descartes c’est-à-dire l’être humain « fixé en tant que conscience ». Lorsque nous abordons l’être humain selon ce point de vue ce qui est donné un premier c’est l’impression sensible. Husserl détermine cette impression sensible en tant que data hylétique .Data veut dire donnée ;hylé veut dire la matière dans le sens du bois. Si nous revenons au texte cité, il est question « d’état de choses objectifs ». Parler en termes d’objectifs cela veut dire que quelque chose est posé devant comme un objet pour un sujet conscience. Objectif veut dire mesurable comme par exemple mesurer les décibels pour déterminer un stimuli acoustique. L’appareil qui mesure n’est pourtant pas à même d’entendre le bruit ! Seul un être humain peut entendre un son. La question revient donc de voir en quelle façon entendre un son pour un humain est le même que mesurer les décibels pour une machine ? La science pose comme base un seuil de décibels mais l’expérience quotidienne entend d’emblée une Mobylette ou le cri d’un oiseau… (Page 210) Pour mesurer les décibels il faut regarder d’une manière tout autre que celle de l’expérience quotidienne ; il faut extraire dans ce qui est entendu quelque chose qui est pensé comme un pur donné de sensation. Cette façon de voir trouve son fondement sur Husserl pour qui une chose se constitue par un acte de visée intentionnelle : un pôle noématique (objet ; data hylétiques) signifié par un pôle noétique (sujet). La possibilité de décibels n’est pas perçue, elle est une mesure effectuée par un appareil. Se pose alors la question de la structure de la perception ? Pour la comprendre nous devons regarder l’expérience quotidienne ; la façon dont nous avons toujours déjà entendu quelque chose et la façon dont nous y répondons en le nommant. C’est cela une expérience et l’expérience quotidienne n’est pas l’expérience scientifique effectuée dans un laboratoire. Percevoir veut dire être relié, au-monde dans le sens d’y être sensible. Il s’agit là d’une impression, d’une sollicitation qui prend une certaine signification. Plügge prend l’exemple des enfants qui crient à proximité du de bétonnière. Il dit que cla cela ne le dérange pas. Par contre il évoque l’exemple des enfants du voisin qui jouent bruyamment et ça le dérange. C’est la façon dont il correspond avec qui va faire qu’il soit sollicité d’une manière ou d’une autre : il ne laisse pas être les enfants du voisin comme ils sont, des enfants ; par contre il laisse être les enfants à la bétonnière. Réduire à une mesure physico physiologique la sollicitation, la voir comme un stress conséquent à des stimuli sensoriels et une exploration scientifique concrète du stress. Il s’agit là d’une abstraction arbitraire et qui fait violence à la nature d’être humain c’est-à-dire existant. (Page 211) Regardons le phénomène de détente évoquée dans ce même livre : il est défini comme un soulagement eu égard au stress. La détente peut aussi être une charge : toujours nous sommes sollicités de quelque manière (tournure, disposition) et cela nous charge. La détente est comprise dans ce texte comme à la suppression d’être-pris-dans l’exigence mais elle est pourtant un autre mode d’être-interpellé. Toujours nous sommes pris-dans-l’exigence, interpellé, concerné, et la détente est une manière d’y être disposé. Ainsi l’ennui est une manière d’être interpellé, concerné, sollicité, tout comme la dépression du retraité qui peut s’entendre comme une détente quant à sa situation précédente de travailleur,une détente qui demeure une charge quant à sa façon d’être interpellé.


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