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Compte-rendu N°19

Lecture des pages 170-183


JUILLET 2013 lecture séminaire de Zurich du 23 novembre 1965. Première partie P170 à 183. Compte-rendu N°19.

Le séminaire débute par l’invitation à nous rappeler un phénomène du corps banal : le rougissement déjà évoqué précédemment. Le rougissement s’entend comme une manière d’être-avec-autrui. Demandons nous ce que cela nous donne à entendre « être-avec-autrui » ? être-relié, avoir-rapport-à-autrui ? P171 D’évidence nous pensons à un lien entre deux individus humains, deux entités biologiquement distinctes…qu’en est-il de la nature ce lien, de ce « entre deux » ? Du point de vue de la psychologie, nous connaissons le modèle de pensée dialogual : l’entre deux personnes humaines compris comme un espace dans lequel un dialogue se déroule ; le entre dont il s’agit ici s’entend comme un espace géographique qui sépare et relie deux personnes humaines chacune doté d’un intérieur, d’un psychisme propre…de même nous connaissons le modèle géométrique des Booléens : les « patates » que nous avons apprises à l’école primaire et où nous pouvions tracer des zones de communauté : le « et », des zones d’exclusions, le « ou » qui figures les opérateurs mathématiques que sont le « + » et le « - » Mais rougir se situe-t-il en dedans de moi ? Il s’agit de méditer ce que cela veut dire être concerné par autrui ? Est-ce que l’autre cela nous préoccupe parce que cela nous touche comme un quelque chose d’extérieur à nous ? Est ce que à l’occasion d’autrui, il y va de moi-même en propre, de ma manière de me donner forme cette forme engendrant et un moi-même et un autrui…non plus à l’endroit d’une intersection mais à l’endroit non localisable d’un y-être-l’un-l’autre ? Sommes-nous l’un l’autre à la manière d’être l’un devant l’autre ? Comme deux objets préalablement structurés dont le rougir serait un produit d’intersection momentanée ? Deux monades d’abords constituées face à face, objectivées ? Nous pourrions alors dire que nous nous « représentons » à l’intérieur de notre conscience l’autre et la relation : la représentation est une image mentale produite par un jeu, une sorte de copie d’un réel qui nous est fondamentalement extérieur et inaccessible…et que nous pouvons connaître seulement au travers, par le biais d’une re-présentation…Nous trouvons là la manière habituelle de notre époque de penser le sujet et la conscience : un réservoir de représentations, de vécus internes, « subjectifs ». Le lieu de la subjectivité est alors un endroit situé dans l’espace objectif : la relation est alors l’addition de ces localités subjectives. Heidegger nous parle de « l’intropathie » :

Petit rappel quant à cette notion husserlienne :

Intropathie est un néologisme introduit pour la première fois dans la langue française par Paul Ricoeur dans sa traduction des "Ideen" de Husserl en 1950, pour faire résonner en français la notion difficilement transposable d’ "Einfühlung" qu’on a toujours traduite antérieurement par"empathie". Maurice de Gandillac a de même rendu par intropathie le mot allemand Einfühlung dans la traduction qu’il a donnée en 1955 du"Formalisme en éthique" de Max Scheler. Pour le psychanalyste, l’intropathie devrait être immédiatement signifiante, dans la mesure où elle traduit un processus analogue, dans le registre des affects, à celui de l’introjection qui n’est pertinent, stricto sensu, que dans le registre de la représentation. Je fais ici allusion à l’opposition, fondamentale chez Freud, entre affects ( Affekte) et représentations (Vorstellungen), les uns et les autres étant par ailleurs considérés comme les représentants (Repräsentanten ) premiers des pulsions (Triebe) . « La connaissance de moi-même est toujours à quelque degré un guide dans le déchiffrement d’autrui, bien qu’autrui soit d’abord et principalement une révélation originale de l’intropathie. » PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, I Le phénomène de l’intropathie désigne chez Husserl un vécu immanent qui reconnaît la présence primordiale de l’autre. Ce concept fait appel à ceux de la phénoménologie transcendantale de Husserl que sont l’intersubjectivité, la perception, l’aperception, la présentification apprésentative, la constitution et la réduction. Sans se perdre dans ce dédale conceptuel, retenons que l’intropathie a pour fonction de montrer les traces de l’autre et le caractère primordial de l’ego à travers la visée de la conscience. Elle permet de représenter l’autre dans une présentification en donnant une fenêtre sur lui en tant qu’autre, fenêtre par laquelle le propre (le corps du soi) cherche à sortir de son lieu solipsiste. L’intropathie est un mode particulier de perception de l’objet où l’expérience de la perception donatrice de l’autre implique la position du soi. L’intropathie permet à l’ego de rendre compte de l’existence d’un autre. Selon Raymond Kassis, la seconde fonction du phénomène d’intropathie réside surtout dans « le fait qu’elle ouvre une fenêtre donnant plutôt sur soi-même, éclairant le statut à priori et le sens de soi, et dévoilant, de l’intérieur de son lieu solipsiste non-localisable, la signification exacte de sa marque solipsiste ». (De la phénoménologie à la métaphysique. Difficultés de l’intersubjectivité et ressources de l’intropathie chez Husserl, Grenoble, Jérôme Millon, 2002, p. 175).

Cette théorie est une construction conceptuelle pour expliquer comment j’ai accès à autrui et le considère comme un autre être humain : un alter ego ; un autre comme moi-même et non une brosse à dents par exemple. Une telle réponse ne nous satisfait pas si nous mettons en œuvre une démarche phénoménologique. « Quel caractère à notre être ensemble les une avec les autres ? » demande à nouveau Heidegger. Cela suffit-il de répondre que nous sommes sis dans une même pièce : deux corps physiques ? Cette manière d’être ensemble c’est celle qui caractérise le mode d’être de deux étants-là-devant : deux objets… La manière de penser le contacter en Gestalt-thérapie nous retient de cela : nous savons que le contacter propre à l’existant n’est pas un contact-surface comme deux substances-objets, deux brosses à dents dans un blister…la manière d’être spatial de l’humain n’est pas une inclusion dans un espace plus grand que lui et mesurable…Rappelons-nous que Dasein dit être-le-là et non être-là …que la spatialité est un pouvoir être du Dasein et cela nous invite a ne plus l’entendre à partir de l’espace calculé de la pensée scientifique. Le modèle dialogual, le « je-tu » de Buber et même le « nous » de la quotidienneté prend son appui sur l’a priori d’une sujet monadique pré-individué.

«  Etre-ensemble-avec » : « exister avec vous sur le mode de l’être-au-monde » (P172) Les tirets être-au-monde disent que il n’est pas d’abord un être-sujet et ensuite un monde dans lequel il se trouve mais que c’est indissociable : je suis = une manière d’être-toujours-déjà-au-monde : un rapport qui n’est pas addition : être-ensemble ce n’est pas « être relié thématiquement à » mais « séjourner ensemble » : ce n’est pas « le rapport d’un sujet à un autre ». Être-ensemble est une manière d’être et non l’effet de volonté d’une subjectivité…la solitude est aussi une manière d’être-ensemble. Il n’y a pas de solipsisme dans la manière dont Heidegger nous invite à penser l’être humain comme Dasein. Les existants « ne sont jamais simplement deux corps physiques qui se meuvent côte à côte ».

Séminaire du 23 novembre 1965. P172-183 Heidegger rappelle son projet : amener les participants à devenir « toute ouïe » quant à ce qui concerne l’être humain et qui est « incontournable mais ne lui est pourtant pas accessible sans détours » P173. Pour cela nous devons mettre en œuvre une posture particulière et c’est celle-ci qu’il a mise en pratique au cours de ce séminaire avant d’en parler en évoquant la question de la méthode. Il nous fait part de son souhait de commencer en évoquant les objections formulées à l’encontre de la Daseinsanalyse : qui visent ces reproches ? La Daseinsanalyse c’est-à-dire la manière d’appliquer la pensée du Dasein à la relation psychothérapeutique ? L’analytique du Dasein c’est-à-dire la façon dont Heidegger explicite comment la question de l’être concerne les humains et le conduit à les appeler Dasein ? Ou bien les deux ? P174, il dégage trois objections à discuter : La Daseinsanalyse serait hostile à la science, à l’objectivité et au concept. Poursuivant selon sa méthode il nous dit que avant de répondre nous devons nous demander ce que signifient « analyse , analytique et analyser ». Il invite les participants à déployer comment Freud entend l’analyse ? Un participant énonce que « Freud vise la reconduction des symtômes à leur origine »P174 Se pose alors la question d’assimiler « reconduire à » et « analyser » et cela va nous amener à revisiter ce que analyse nous donne à entendre : Reconduire à l’origine « par analogie avec l’analyse chimique » c’est dissoudre le donné en éléments pensés comme leur cause efficiente permettant d’expliquer ainsi les symptômes. Analyse ne nous donne pas nécessairement cela à entendre : le grec analyein, dans son usage le plus ancien est évoqué par Homère pour dire que chaque nuit Pénélope s’emploie à détisser l’ouvrage qu’elle avait tissé au cours de la journée : défaire un tissage et ce disant vient à l’esprit logos, legein qui dit la parole. Analyein veut dire libérer les liens d’un être ligoté, désassembler. Longtemps après Kant reprend ce vocable dans sa « Critique de la raison pure » et Heidegger nous dit qu’il a repris de là ce terme pour parler d’analytique du Dasein. P175 Heidegger reprend le déroulement de la « Critique… » de Kant, resitue l’esthétique transcendantale en tant qu’aiesthésis, intuition : espace et temps sont les conditions de possibilité apriorique de l’intuition sensible d’un objet. Toute connaissance scientifique n’est pas seulement intuition sensible : elle est expérience selon des règles de la pensée. La logique transcendantale établit les conditions de possibilités de la pensée. Elle se veut analytique car elle reconduit la possibilité de toute connaissance scientifique à un tout unitaire : la faculté qu’est l’entendement. Ici il ne s’agit pas de dissoudre mais de décomposer pour reconduire à une unité d’être de ce qui est expérimenté à partir de lui-même. L’analyse vise ainsi à dégager une unité originaire et non une causalité. Ainsi l’analytique du Dasein vise à « exposer au regard le tout d’une unité de conditions ontologiques » P176 : autrement dit comment , en tant qu’existant nous sommes concerné par la question de l’être… elle est « une articulation de l’unité d’un ensemble structurel » et non une décomposition en éléments distincts. C’est ainsi qu’est explicité le Dasein dans « Être et temps » : chacun des existentiaux ne prend sa dimension que de son rapport indéfectible aux autres, aucun ne peut être isolé. C’est pourquoi par exemple on dit que le souci est « la clé de voûte des existentiaux »…une clé de voûte ne tient que d’u rapport de « tension » : sans celle-ci il n’est plus de voûte et sans sa clé non plus, le sens est là où s’augure le rapport…qui n’est pas un assemblage que l’on peut décomposer sans perdre le sens lui-même…

S’ouvre la question de distinguer analytique existentiale et Daseinsanalyse forgé par Binswanger : Binswanger à également l’idée du dasein comme une totalité dit un participant. Heidegger rappelle que Binswanger à mécompris le Dasein en voulant compléter le souci qu’il entendait comme pessimiste, lugubre, par l’amour que Heidegger avait dû oublier…ce faisant Binswanger à confondu Dasein et sujet solipsiste…il a raté « l’être-avec-autrui » existential du Dasein. P177. Binswanger n’entend pas que la pensée du Dasein n’est pas un rendre compte raisonné des comportements quotidiens des humains, que le souci n’est pas un sentiment, une « passion triste »…mais conditions de possibilité de toute affection : une manière d’être, dimension ontologique et non ontique. De même, le pro-jet existential du Dasein ne veut pas dire qu’un sujet humain fait des projet du genre « demain je vais lire l’œuvre de Heidegger », il doit s’entendre dans sa dimension ontologique…il est être-à-l’avant-de-soi ; un mode de l’ouverture à être qui nous échoit et que nous ne pouvons calculer ou maîtriser en usant de notre rationalité ! L’analytique existentiale porte sur le sens de être en général. Ainsi elle n’est pas une poursuite de la pensée de Kant ou Husserl ; elle est toute autre ! Kant et Husserl questionnent la possibilité de connaître d’une conscience-sujet…La pensée du Dasein nous ouvre à la question de la possibilité d’être de quoi que ce soit : boite de conserve ou existant…elle ne vise pas à décrire la connaissance mais la possibilité même d’une conscience.

La question de être occupe la philosophie : nous la trouvons chez Parménide : « il y a en effet être »…et là l’allemand dit « es gibt » = cela donne, traduit ici par « il y a » ce qui est bien dommage…P178 Questionner être, tel est le chemin de la philosophie. Or dans ce chemin « se cache une duplicité » : Aristote questionne être : mais il questionne l’étant « eu égard à son être » : il questionne l’être de ce qui est (étant) : il questionne l’étant chaise par exemple en demandant ce qu’il est, la façon dont il tient de être. Chez les grecs il n’y a pas d’objets. Nous devons nous rappeler que la notion d’objet vient avec la philosophie moderne : celle de Descartes qui augure la pensée de l’homme comme sujet roi et maitre de tout ce qui est, le règne du rendre raison, arraisonner la nature devenue réservoir d’objets pour l’usage des sujets humains. Un objet c’est ce qui s’oppose à une sujet qui en est le fondement car il l’a raisonné, maîtrisé. La présence devient alors ce qui pour moi-sujet-pensant s’oppose à moi et non plus ce qui se présente de soi-même, se donne. Ainsi l’étant pour les grecs n’est pas un objet mais « comme ce qui entre en présence, comme ce qui se tient- là, comme ce que je rencontre toujours déjà »P178.( Pour les grecs les choses apparaissent, pour les modernes elles m’apparaissent). La présence grecque se dit « ousia », substantif du participe « on ». Ousia est le plus souvent traduit par substance mais cela veut dire « le fonds » « l’étance » en vieux français ; ce qui se retire à toute lumière et permet la lumière ; entendons là ce que la notion de forme en Gestalt-thérapie nous dit : autre chose qu’un concept parfaitement éclairé par la raison, un rapport figure/ fond, une éclaircie prenant soin d’en préserver le retrait dans le mouvement même de sa figuration. Ce qui entre en présence c’est ce qui se tient-là , de keisthai grec et on le dit upkeimenon, le jaçant au fond qui a été traduit par subjectum latin. Le subjectum n’a d’abord aucun lien avec le sujet moderne, le « je ». Au moyen âge un objectum c’est un purement représenté, un projeté au-devant, qui peut ne pas exister factivement. Le sujectum est ce qui se présente. Le sens s’est totalement inversé à la fin du moyen âge et subjectum est devenu ce qui est représenté pour et par un je, une représentation mentale et objectum ce qui est posé comme objet effectif.

Il ne s’agit pas ici d’une altération de l’usage mais d’une « métamorphose radicale de l’attitude de l’être humain par rapport à l’étant ». P179. Dans la suite du projet cartésien de mathématique universelle, de nous rendre maîtres et possesseur de la nature par la connaissance, l’ar-raisonnement…le monde est devenu un monde scientifique et technique, un monde parfaitement raisonnable et prévisible et dont nous disposons selon notre guise. Seul « ce qui produit un effet et confère un avantage » est pris pour étant….le cogito cartésien veut la certitude, il veut pouvoir rendre compte de tout ce qui est et il pose la vérité comme adéquation de la choses et de son intelligence par la raison ; la vérité est la certitude de la raison qui rend des comptes. Le « je « devient sujet unique, maître et possesseur de tout ce qui est. Descartes veut tout expliquer, rendre compte de façon certaine, assurée et seul le sujet qui pense peut assurer : ainsi tout ce que ce je pense est objet c’est-à-dire déterminable par cette pensée qui en a préalablement établi les règles et conditions de possibilité. C’est ainsi que pour nous, cerveau = psyché…émotion = effet de neurotransmetteurs…et cela est vrai puisque certifié par la science et produit dans nos laboratoires objectifs…tout le reste n’est que divagation d’esprits illuminés et obtus face à l’évidence. Nous sommes des psy. efficaces avec des méthodes homologuées, et des titres certifiés ! Regardez donc la course vers le titre de psychothérapeute…pour être en sécurité…de sécurité à sécuritaire le glissement ne serait-il pas subtil ?

Et c’est là que prend naissance l’idée que l’analytique existentiale est hostile à la science :P180 Demandons nous d’abord si l’on sait ce qu’est la science ?

Poursuivons encore sur la façon de comprendre l’étant selon l’histoire : au moyen âge l’étant était compris dans l’ordre de la théologie et il était une créature de Dieu. Trois étapes dans l’histoire de la manière de déterminer l’étant :
  L’être de l’étant est compris comme hypokeimenon (ce qui se tient, jaçant au fond) qui dit les physei onta : ce qui se montre de soi-même et les thesai onto ce qui est produit par l’homme.
  L’être de l’étant en tant que créature. (Dieu en est le créateur et est lui-même incréé…hors génération c’est-à-dire hors de la présence comprise comme temps pour cela qui se montre…)
  L’objet déterminé par le « je »-sujet ; c’est-à-dire l’objet qui se tient en vis-à-vis, en face (Ob/sub). C’est l’étant tel que la science le conçoit. Un tel objet n’est possible que si l’homme a pris place de sujet…ce qui ne va pas de soi ! Avec « être et temps » ce qui est modifié c’est la question : non plus celle de l’être de quelque chose, d’un étant mais bien il s’agit de la question de être. C’est être qui est visé par la questionné, le qui de être et non le quoi. P181 Ce qui a donné le coup d’envoi de cette question c’est Aristote qui dit que être se dit de multiples manières. Ainsi Heidegger s’est demandé quelle était l’unité de être ? Et là, arrêt sur la méthode : quand nous posons une question, nous devons nous demander ce qui la permet…il s’agit de chercher un fil conducteur. Et c’est de méditer comment les grecs ont d’abord compris être sans y réfléchir qui a occupé Heidegger. Les grecs comprenaient être dans le sens de présence, de présent. Ainsi il y était question de temps. Mais comment entendre là le temps ? Nous devons nous questionner quant à notre façon d’avoir déjà toujours compris le temps, quelle est notre représentation du temps ?...d’où « Être et temps » …et cela a conduit à questionner la façon dont l’être humain se comporte vis-à-vis du temps afin d’envisager la façon dont il est interpellé par être ? C’est pour cela que poser la question de être requiert l’être humain, celui qui se questionne quant à son être même et qui toujours déjà est d’une certaine manière.(début de « Être et temps ») et que cela conduit Heidegger a développer préalablement à la question de être, afin de pouvoir l’envisager, la question de la manière dont l’être humain est concerné par être et donc par temps. Ce qui conduit à l’analytique existentiale énoncée comme élucidation préparatoire à la question de être en tant qu’être. Cela veut dire que Heidegger n’a pas le projet décrire une anthropologie, de rendre compte de l’humanité de l’homme, mais cherche en direction de la question de être et dans cette quête interroge l’être humain dans son rapport fondamental à la question de être.

Ce qui est « décisif » quant à l’analytique existentiale c’est que Heidegger questionne en vue des traits caractéristiques de l’être du Dasein. Il ne décompose par comme Freud. La question est en vue du phénomène de être en général. La caractérisation de l’être humain comme Dasein « s’oppose de façon spécifique à toutes les caractérisations de l’être humain en tant que subjectivité ou en tant que conscience/ego transcendantal ». P182 Dans la philosophie traditionnelle allemande Dasein veut dire être-là, existant , subsistant. Heidegger développe une autre manière de l’entendre dans « Être et temps » et c’est cela que les existentialistes français (Sartre…) n’ont pas mesuré…et ont traduit dasein par « être-là » c’est-à-dire être-ici… La traduction correcte est être-le-là : le là n’est pas un lieu géographique, matériel, mesurable. Le « là » témoigne de l’ouverture qui donne à l’homme la possibilité de rendre présent un monde : une façon d’être concerné par la question de être qui donne à l’homme la possibilité de se rapporter à des étants, qui donne la présence. Il va donc falloir nous pencher sur la différence entre analytique du Dasein et analyse du Dasein ; nous devons aussi questionner le rapport entre Etre-le-là et conscience : l’intentionnalité de la conscience développée par Husserl requiert en préalable la question de l’être-au-monde. Sans cela pas d’intentionnalité possible et cela Husserl ne l’a pas envisagé. Il s’est demandé comment une conscience peut connaître et n’a pas questionné la possibilité d’être d’une conscience. La pensée du Dasein nous invite à méditer la conception de l’être humain comme conscience, comme ego monadique ou sujet. Pour le moment il ne l’ouvre pas davantage. (voir à ce sujet le « séminaire de Zähringen » de Heidegger).


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