www.edithblanquet.org
Accueil du site > Enseignements de Gestalt-Thérapie et phénoménologie, de Daseinsanalyse > Activités de recherche au sein de l’EGTP > 1.4.1 Groupe de lecture "Séminaires de Zurich" de Martin Heidegger > Compte-rendu N°1

Compte-rendu N°1

Compte rendu du séminaire 8 septembre 1959 (page 31 à32)


Groupe de lecture de carcassonne "Martin Heidegger - Séminaire de Zurich" publié chez Vrin, Paris, 2010, Traduction de Caroline Cros

Edith Blanquet, Valerie Chantepie, Yannick Marques, Guy Minaudier, Marie-Christine Mistral, Marie Sarda, Denis Touzet.

Groupe de lecture du 8 octobre 2010 : premier compte-rendu

Compte rendu du séminaire 8 septembre 1959 (page 31 à 32)

Résumé...commentaire du texte lui-même :

Ce premier séminaire débute par une explicitation de la notion de Dasein, à partir d’un dessin, et situe les conséquences d’une telle conception : nous devrons renoncer dans notre approche de la maladie mentale et de l’humain à une vision classique subjectiviste : le Dasein n’est en aucune façon un sujet clos sur lui-même : il n’est pas un lieu circonscrit où une quelconque intériorité se tiendrait. Il s’agit de renoncer à la vision classique, cartésienne , du sujet monadique. C’est pourquoi Heidegger nous propose ce dessin pour suggérer de quoi il en retourne : une direction vers , une ouverture à être qui fonde la possibilité de percevoir quelque chose comme un étant. Etre-le-là veut dire être ouvert pour qu’un monde prenne forme. Ici l’être n’est pas un attribut d’un sujet mais ouverture ; cette ouverture est pré subjective en quelque sorte, condition de possibilité d’une subjectivation c’est à dire d’un processus de Gestaltung. Nous devons alors repenser toute notre conception de la pathologie : nous ne pouvons plus penser à partir de notions telle que la structure de la personnalité, la psyché freudienne. La notion d’existence nous convie à penser l’humain à partir de l’être-au-monde. Ce premier séminaire commence par dire cela.

Discussion -commentaire de notre groupe de travail :

Le Dasein humain en tant qu’un domaine du pouvoir appréhender.

Ceci est une tentative de résumer en langage plus vulgaire le court texte de ce séminaire. La vulgarisation permet une compréhension plus immédiate au risque d’une moins grande précision de langage.

Ce dessin indique que l’exister humain n’est jamais seulement un objet subsistant, ni un objet replié sur lui-même. Cet exister humain consiste en possibilité de pouvoir percevoir ce qui vient à sa rencontre, en s’adressant à lui, au-delà du voir ou du toucher. Tous les concepts réifiant, comme la psyché, le sujet, la personne, le je, la conscience, doivent disparaître d’une visée Daseinsanalytique au profit d’une autre conception : l’être-au-monde (Da –Sein). Etre-là ne signifie pas une localisation géographique. Exister en tant que "être-le-là" c’est endurer l’ouverture de possibilités à être. Le Dasein est décrit en tant que processus à être.

Réflexion collective autour du "parti pris d’y voir clair en conscience". C’est une intensité de présence, un moment de qualité extra-ordinaire de présence que nous, Gestalt-thérapeutes, appelons la rencontre ; c’est la survenue en mode égo. Il y a subjectivation, j’assume pleinement qui je suis et deviens. Dans la psychopathologie classique, on avait l’idée de structures de personnalité qui se construisaient, et qui étaient repérables chez l’autre. Dans notre façon d’appréhender notre travail de Gestalt thérapeute, nous décentrons notre manière de voir la pathologie en nous obligeant à penser l’humain et la rencontre, à questionner les évidences. Par exemple, si nous gardons le mot schizophrène, nous le regardons comme une manière de construire des formes, une manière dans laquelle nous sommes l’un/l’autre. Une manière qui nous parle pour tenir notre posture avec le patient, mais qui nous parle de moi/lui. Concrètement cela donne le diagnostic et le projet thérapeutique. Si nous diagnostiquons une forme langagière schizophrénique, nous allons travailler le comment se constitue la continuité des phrases, se construit le bavardage…

Nous nous rendons compte que pour beaucoup d’entre nous, il y a encore du chemin entre l’épure et la pratique. Par exemple, beaucoup témoignent de « se prendre pour quelqu’un » dans l’exercice de la psychothérapie. Nous restons très souvent dans l’implicite de deux sujets qui se rencontrent, "oubliant" de voir par où "je deviens". Un questionnement de sécurité, du type "qu’est-ce que j’ai déjà compris ?", permet de prendre du recul. Si j’ai déjà compris l’autre, c’est que je l’ai "croqué" sans même le rencontrer. La réponse à "Qu’est-ce que j’ai compris ?", je la mets entre parenthèses, une sorte d’époché salutaire pour favoriser la rencontre thérapeutique. Epoché qui me donne la liberté de me laisser surprendre et donc de favoriser un tissage avec l’autre. Mais parfois, et afin d’installer une atmosphère de sécurité, il peut-être pertinent de se positionner comme celui qui sait. Paradoxe et subtilité de notre pratique ! Loin d’une position rigoriste, il faut des éléments pour pouvoir dire "qu’est-ce qui m’amène à faire ça ou pas ?" C’est là où la sémiologie entre en compte, liée au concept d’existence. La posture du thérapeute oblige à sortir de la quotidienneté dans laquelle nous baignons. C’est "l’im-posture" du thérapeute qui s’oblige à tenir l’ouvert, pour favoriser l’entrée en présence (où le mode égo advient), puisque nous postulons que c’est cette entrée en présence qui est thérapeutique. La quotidienneté c’est se prendre pour, c’est fonctionner avec des évidences, la quotidienneté est une fin en soi (une fin de soi ?). Pour nous, Gestalt- thérapeutes orientés en phénoménologie heideggerienne, la fin en soi est de permettre qu’il y ait surgissement de l’entrée en présence, parce que j’ai besoin d’avoir le sentiment que je suis pleinement ce que je vis, que ma vie a du sens, de l’épaisseur. La valeur de cela est l’intensité de présence, c’est à dire quelque chose qui m’engage pleinement sinon je m’ennuie. Le métroboulododo est l’antithèse de l’entrée en présence, et l’akoibon conduit doucement à la mélancolie…

La sémiologie et la théorie de la Gestalt-thérapie sont les mamelles nourricières du Gestalt- thérapeute sensible aux directions de sens. (A méditer et même à travailler !)


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé| www.8iemeclimat.net|