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Compte-rendu N°10


Compte rendu de lecture acheminement vers la parole n°10 à la Vacheresse Corinne Simon, Frédérique Remaud, Marie Christine Chartier, Edith Blanquet.

p 29 « La première strophe du poème enjoint aux choses de venir, elles qui, en tant qu’elles se déploient comme choses, portent jusqu’à sa figure un monde. La seconde enjoint au monde de venir, lui qui, en tant qu’il se déploie comme monde, est faveur de choses. La troisième strophe enjoint au milieu, pour monde et chose, de venir : il porte jusqu’au bout leur tendre unité. C’est pourquoi la troisième strophe débute par un appel bien marqué : « Voyageur entre paisiblement »"

Enjoint : Inviter, ordonner expressément, appeler de telle manière qu’on ne peut pas s’y dérober. Ça situe, ça rend présent.

« La première strophe du poème enjoint aux choses de venir, elles qui, en tant qu’elles se déploient comme choses, portent jusqu’à sa figure un monde » 1ère strophe : « Quand il neige à la fenêtre, Que longuement sonne la cloche du soir, Pour beaucoup la table est mise et la maison est bien pourvue. » Ça situe une ambiance, une tonalité, Ça appelle les choses à prendre place et ça situe un humain y prenant part.

« La seconde enjoint au monde de venir, lui qui, en tant qu’il se déploie comme monde, est faveur de choses. » 2ème strophe : « Plus d’un qui est en voyage Arrive à la porte sur d’obscurs sentiers. D’or fleurit l’arbre des grâces Né de la terre et de sa sève fraîche. » Faveur : une donation, un cadeau … quelque chose qui nous est permis/accordé. Ça ouvre à l’humaine présence le « plus d’un » qui est en voyage, c’est à dire comment le monde est une forme toujours en voie : situation . avec le monde il y va expressément de moi.

« La troisième strophe enjoint au milieu, pour monde et chose, de venir : il porte jusqu’au bout leur tendre unité. C’est pourquoi la troisième strophe débute par un appel bien marqué. » 3ème strophe : « Voyageur entre paisiblement ; La douleur pétrifia le seuil. Là resplendit en clarté pure Sur la table pain et vin. » Ça parle d’une tonalité pathique, une stimmung, ça accorde une tonalité, ce qui ouvre le milieu, cette saveur de monde, tonalité, ce n’est pas quelque chose de précis, c’est la saveur de ce rapport affectueux, dans le sens qui donne place, «  Il porte jusqu’au bout leur tendre unité » : c’est ce rapport qui dit/appelle une tonalité/tournure, ça tend vers quelque chose, une direction de sens, une forme de tendresse, de douceur , une tonalité pathique. Unité avant d’être subjectivé, différencié, c’est de « plus d’un » que vient le rapport subjectivé de la quotidienneté.

« Voyageur entre paisiblement, Mais où ? Le vers ne le dit pas. Mais il appelle à la paix le voyageur entrant. C’est la paix qui gouverne la porte. Soudain retentit l’appel qui dépayse :

"La douleur pétrifia le seuil".

Ce vers parle solitairement au milieu de ce que parle tout le poème. Il nomme la douleur. Quelle douleur ? Le vers dit seulement : « La douleur… » D’où et en quelle mesure la douleur est elle appelée ?

La douleur pétrifia le seuil.

« …pétrifia… » Ce mot est le seul dans le poème qui parle dans la forme verbale du passé. Et malgré cela il ne nomme pas du passé, quelque chose de tel qu’il n’est plus présent. Il nomme quelque chose qui est en ayant déjà été - il nomme quelque chose dont l’être recueille ce qu’il a été. Dans ce recueil qu’est la pétrification, voilà où d’abord le seuil déploie son être. » p.30 « Voyageur entre paisiblement » C’est étrange ce vers et juste après : « la douleur pétrifia le seuil » Pétrifier : ce verbe arrête, témoigne et fait venir le seuil, le rend présent ; la douleur ; le fixe momentanément et fait étrangeté . Pour/quoi on parle de douleur ? Dans tout le texte du poème c’est le seul moment où ça vient tout d’un coup. Il y a des contrastes, ça parle « d’obscurs sentiers, d’or qui fleurit l’arbre des grâces… paisible… la douleur… la clarté pure… la blessure … » Ce vers surgit et dépayse : dépayser ça fait perdre une évidence qui fait surgir quelque chose qui arrête. Après, vient la question du passé. Les extases temporelles, la temporalité extatique et non chronologique. C’est un rapport qui ouvre possibilité de présent, passé, avenir. Ce n’est pas un passé qui est stocké quelque part et qui n’est plus, c’est maintenant ! Ça parle de ce qui est comme ayant été, c’est le retenir, une manière de parler du temps dans le sens où le temps est rapporté au livre des heures en religion. Les heures, c’est le temps de faire quelque chose, ce n’est pas l’heure métrique ; mais les mâtines, les vêpres, le rythme de l’affairement humain. Petit à petit, l’heure est devenue 60 minutes. Alors qu’on nommait le temps par rapport au "moment pour », un rapport jour/nuit, un rapport avec la séquence de la lumière, avec des activités humaines, pas des heures objectives. La temporalité existentiale du Dasein, c’est temporalisation, c’est extatique, il n’y a pas de lieu. Lorsque l’on parle du temps classiquement on parle d’avant, maintenant et demain avec l’idée que le passé est stocké, alors que le passé, c’est un passage c’est un mouvement, c’est un rapport « il nomme quelque chose dont l’être recueille ce qu’il a été » Le passé authentique chez Heidegger, c’est l’être été, ce n’est pas l’avoir été. Je suis à chaque instant, je suis toujours déjà, c’est un passage mais ça veut pas dire que c’est passé, au sens de fini, de terminé, c’est toujours marche d’avance. Quand un patient évoque quelque chose d’il y a 2 ans, c’est maintenant, toujours qu’il l’évoque, c’est actuel "un maintenant ne plus", ça dit quelque chose qui survient. Ça ouvre un rapport temporalisant, idée d’une place, manière de signifier l’ensuite, ce qui survient, manière de signifier cette provenance et en quelle façon elle in-forme un comportement humain : "maintenant il est temps pour...". Se recueillir, c’est aussi se rassembler, se trouver-auprès. « Dans ce recueil qu’est la pétrification, voilà où le seuil déploie son être. » L’être, le seuil prend sa dimension de seuil, comme ce passage qui pétrifia qui fait exister un lieu comme un seuil entre paisible et douleur, c’est un seuil, une dimension, une saveur, un passage.. Un seuil c’est une frontière qui attribue un dedans et un dehors, c’est un rapport. Le seuil, fait pousser un "entre", un rapport, ça se déploie, ça se révèle. Un seuil peut prendre son sens de seuil qu’au moment où je le franchis. « Le seuil est l’assise racinale qui soutient la porte tout entière. Il maintient le milieu où les deux, dehors et dedans s’interpénètrent. » C’est dans l’acte de franchir qu’apparaît dedans, dehors et la dimension du seuil ce n’est ni dedans ni dehors et c’est à la fois dedans et dehors. C’est une zone qui ne peut pas être découpée avec des ciseaux, qui n’est jamais arrêtée car le seuil se déplace, il n’est jamais figé. « Le seuil porte l’entre deux. En sa solidité s’ajointe ce qui, dans l’entre deux, sort et entre. Le solide du milieu ne doit céder d’aucun côté. Pour porter jusqu’au bout l’entre deux, il faut de l’endurance et, en ce sens, de la dureté. Le seuil, en tant qu’il supporte l’entre-deux, est dur : la douleur l’a pétrifié. Mais la douleur à peine devenue douleur comme pierre, elle ne s’est pas endurcie en seuil pour se figer en lui. La douleur est douleur dans le seuil -s’endurant comme douleur. » p.30 Pathein : endurer, souffrir ; et souffrir pas pour prendre forme de douleur mais de quelque chose qui touche. Le bon heur et le mal heur, une manière d’endurer, d’être heurté, de durcir. Des dérangements sont heureux et d’autres malheureux ; être dérangé, c’est la meilleure chose qu’on peut souhaiter à quelqu’un. «  Pour porter jusqu’au bout l’entre deux, il faut de l’endurance et, en ce sens, de la dureté. » Ca fait penser à la question de lutter contre la complaisance de l’égo, ce qui convoque ; par exemple quand tu te situes dans un rapport aimant avec l’autre, tu ne peux pas être avec complaisance, tu dois parfois être tranchant, convoquant, être dur, exigeant. Ça n’appelle pas à être mielleux, mais oser autour de l’intégrité, la sincérité. Le propre du rapport d’amitié, c’est de dire vraiment. En tant que thérapeute, on se doit d’être à cet endroit là avec nos patients et de traverser ensemble. Il faut qu’on aille "au bout"" pour trouver appui ensemble sinon on se différentie et chacun part dans son coin. On ne peut que se risquer d’oser signifier, interpréter, de s’y tenir, de s’y poser pour que ça fasse seuil, de prendre place pour ajuster ensemble. L’intégrité de se durcir pour tenir et pouvoir ajuster. Par exemple, avec les gens qui parlent sans cesse et les mots deviennent un rideaux, avec un ami oser dire : là je ne t’écoute plus, tu parles/ tu me parles ? . Dans les relations sociales on peut laisser couler, mais pas dans l’amitié. Fuir ( sa responsabilité/ charge d’être), c’est un manque d’égard pour l’autre et pour soi, pour l’humanité de l’homme. Je ne peux pas lâcher ça sinon je ne suis pas intègre et je n’ai plus "de fil à plomb", de centre, d’assiette" comme on dit aussi. Le seuil, c’est la dureté qui fait qu’on ne peut pas laisser passer ; c’est comme regarder sinon je baisse les yeux et je fuis, je suis lâche, lâcheté morale , lâcheté au sens d’un maillage relaché de logos. Heidegger nous amène à questionner la douleur : souffrir c’est la traduction littérale de pathein, endurer la charge qui nous échoit , celle d’avoir à exister, la dimension pathique. « Mais qu’est ce que la douleur ? La douleur déchire. Elle est le déchirement. Mais elle ne déchire pas en lambeaux éparpillés. La douleur disjoint assurémment, elle distingue, mais de telle sorte que du même coup elle tire tout à soi, rassemble tout en soi. En tant que distinction rassemblante, ce déchirement est ce tir qui, comme trait premier ouvrant d’un coup l’espace, signe et adjointe ensemble ce qui est tenu à distance dans la Dis-jonction. La douleur est ce qui joint dans le déchirement qui distingue et rassemble. La douleur est la jointure du déchirement. Elle est le seuil. Elle supporte l’entre deux, le milieu des deux qui sont en elle dis-joints. La douleur adjointe le déchirement de la Dif-férence. La douleur est la Dif-férence même. » p.30

Tonalité, sensibilité, saveur, la douleur est une saveur et dès que ça prend une saveur ça donne sens. À la fois ça dis-jointe, ça donne place et ça rassemble, ça donne un goût, un commun, un milieu, trait ouvrant… c’est sur la barre de seuil, que se pose un dedans et un dehors, ça distingue et rassemble, ça prend forme, c’est une distinction provisoire. C’est une survenue, une manifestation, notion de forme par rapport au concept. « Trait ouvrant d’un coup l’espace » ça déchire la trame de l’ouvert, là ou pas là, c’est un rapport. Douleur, c’est dans le sens d’endurer/ avoir charge ça peut faire mal ou pas. Pour s’y trouver, il faut y prendre place, venir en son propre, je suis toujours déjà parmi et toujours déjà localisé, toujours déjà pétrifié. Pétrifier a une saveur, une texture. Toujours déjà subjectivé, c’est ce rapport de différence / quotidienneté, dévalement / dévoilement. Toujours déjà je me prends pour quelqu’un et j’ai toujours à être encore et je ne suis jamais défini, arrêté. Les cahiers de doléances, c’était ce qu’on pouvait rapporter, se plaindre dans le sens de ce qui nous éprouvait. Un dol c’était un souffrir, une demande. Porter plainte : c’est une demande qui est affectée. Habituellement la plainte, la lamentation, est une souffrance comprise comme un mal être et non pas comme un pleinement être. Nous sommes pris dans ça. Faire un dol, dire quelque chose avec une saveur, c’est aussi attester, se plaindre dans le sens de témoigner avec une saveur. Est-ce un sens qui a glissé culturellement ? On a oublié que la dimension de bonheur c’était un choc qui était bon, être heurté ce n’est pas forcément mauvais, Est-ce que la douleur est négative ou positive ? On entend toujours la douleur dans le sens avoir mal, on aurait tiré aussi la plainte vers avoir mal. Ça amène à la question d’usure de la langue. Il y a des épaisseurs de la langue comme habitation qui se perdent avec l’usage quotidien, par ex la fin de quelque chose c’est quand c’est fini, mais la fin c’est aussi le plein déploiement, c’est l’épanouissement de la fleur, le en vue de quoi, et ça on l’a perdu. Douleur, dol, est-ce un contre sens ? Ça amène à creuser la subtilité des mots, en prenant au sérieux tout ce qu’il dit. Dans le « assurément » on peut entendre la question de la vérité, c’est sûr, c’est certain, c’est vrai, pas dans le sens que ça fige mais ça va vers le rendre vrai, vers le faire se manifester, le dévoilement, alétheia, et ça glisse vers ratio : rendre compte, comptabilité, compter avec qui est devenu chiffré, alors que compter avec ça peut être aussi s’appuyer. Mais ça devient maîtriser, rendre vrai, manifester, c’est devenu avoir la certitude. La certitude c’est ratio, rapport entre raison et réalité. La pensée s’est écartée de la manifestation, l’ensuite. On peut entendre que venir à son propre, c’est à partir de quelque chose qui nous intone, qui nous frappe d’avoir à être, toujours déjà j’y suis tourné d’une certaine manière, avec un certain rythme, toujours déjà donné et qui d’une certaine façon fait seuil, à partir duquel quelque chose s’altère sans cesse, un seuil qui approche et attribue place et lieu. Dès que je signifie, dès que je m’y approprie, j’y suis toujours déjà approprié, il y a toujours un retard, la conscience est d’écart, l’écarter ça donne place et dès que je dis, je dis toujours en retard car ce n’est déjà plus là. Le parlé de la parole dis-joint …ça joint et ça écarte, quelque chose qui en même temps nous échappe.

« La douleur pétrifia le seuil. Ce vers appelle la Dif-férence ; mais il ne la pense pas en propre, pas plus qu’il ne nomme, de ce nom, sa manière d’être. Le vers appelle le Dis-de l’entre-deux, le milieu qui rassemble. En son intimité le port des choses et la faveur du monde se traversent et se mesurent les uns les autres. L’intimité de la Dif-férence pour monde et chose serait alors la douleur ? Assurément. Seulement nous ne devons pas nous représenter anthropologiquement la douleur comme ce qui nous affecte en nous faisant mal. Nous ne devons pas non plus nous représenter psychologiquement l’intimité comme un endroit où viendrait se nicher la capacité de ressentir. » p.30-31 Par exemple : je vois le mimosa, le mimosa n’est pas l’acacia ; c’est une autre manière de penser en catégorie, de concept, mais toujours je suis concerné. Quand je vois le mimosa, il y va de moi, le mimosa dit toujours une manière de faire monde pour un humain, c’est un rapport mondialisant. Le port des choses et la faveur du monde ; les choses ne prennent leur tenue qu’en tant que faveur de monde, toujours il y va de moi. Dans "le petit prince" : pourquoi je t’apprivoiserai ? J’y gagnerai à cause de la couleur des blés, le blé n’aura plus la même couleur il évoquera la couleur des cheveux du petit prince. Tout est habité, un monde, une tonalité, une saveur et ça rend présent/humain. Mimosa ça parle de toi, d’une manière d’y être. Les choses se portent à la présence et il m’est donné faveur de monde, pouvoir être devant le mimosa plutôt que devant l’acacia. Le devant n’est pas un devant matérialisé, mais un rapport/proximité. « L’intimité de la Dif-férence pour monde et chose serait alors la douleur ? » Ça oblige à questionner intimité et douleur Quelle idée on a de l’intimité et la douleur ? Intimité c’est là où je suis au plus prêt d’autrui, ce n’est pas quand je suis à l’intérieur de moi. La caresse : mouvement infini d’approche dit Erwin Strauss, si on pouvait vraiment se toucher on ne se caresserai plus. À chaque fois on éprouve comment on est loin, toujours un écart. Il reprend bien ça : « Seulement nous ne devons pas nous représenter anthropologiquement », c’est à dire du point de vue de la pensée humaine classique, un animal doué de raison, « la douleur comme ce qui nous affecte en nous faisant mal. Nous ne devons pas non plus nous représenter psychologiquement l’intimité comme un endroit où viendrait se nicher la capacité de ressentir. » Le dedans, je sens dans le corps, un je qui serait affecté par quelque chose d’extérieur, (théorie de la sensation… théorie de la perception… l’idée d’une information du dehors, qui s’imprime dedans…) Dans la vie quotidienne, ça va de soi : la douleur ça veut dire avoir mal, dans une manière de penser qui a toujours déjà oublié la question de l’être comme pouvoir être, qui rabat l’être sur une conception de l’humain anthropologique, (à savoir ce que c’est que l’humain : animal +raison) et psychologique, idée du psychologique (avec du subjectif et de l’objectif), qui a rabattu le psychisme sur l’intérieur du corps humain, le lieu de la raison, la tête ; on a ramené le psychisme au cerveau. Ça évoque Stimmung et pathein… le pathique n’est pas la sensation, la sensation étant ce qui est perçue par quelqu’un, le pathique ce qui nous est donné, ce qui nous traverse, tonalité…, devient une perception, une sensation isolée, et du coup l’émotion serait un agglomérat de sensations qui s’additionnent : je sens ça plus ça plus ça…, et ça veut dire j’ai peur. Là on n’est plus du tout dans la tonalité, stimmung et pathique. Ça amène à penser tout à fait différemment la question d’être corporel.

« La douleur pétrifia le seuil La douleur a déjà ajointé le seuil dans son support. La Dif-férence se déploie déjà en tant que le recueil du déploiement d’où advient à soi le port où le monde et chose sont portés. » p.31 « La douleur a déjà ajointé » : cherchons toute l’épaisseur langagière : entendre ajointé comme mis ensemble, rassembler, recueillir, logos, le seuil dans son support, là où ça prend sol, support comme fondement là où ça se supporte au sens de souffrir… Le recueil donne place et lieu et ça attribue, ça dis-joint, ça met ensemble et ça sépare en même temps…, dans son support, ça se porte devant, ça se supporte, ça se souffre, ça s’endure, ça travaille. Epaisseur de la parole ! : la douleur se déploie en tant que le recueil du déploiement, ça va vers, et en même temps, ça se recueille, ça se rassemble, ça se cueille, ça prend forme, rapport… Recueil, mouvement d’un déploiement, dans ce recueil déployant ça advient à soi… un port, là où ça se porte, là où ça prend place, là où çà se calme aussi, là où ça s’apaise. Comme le port du marin, revenir au port, c’est aussi se tenir, trouver place, se poser. Il faut entendre toutes ces épaisseurs… ça donne à entendre comment les choses sont de la poésie, comment arriver au port, à bon port, donne à entendre à la fois se tenir et aussi se poser, souffler, d’y être enfin. C’est à lire d’une manière poétique et méditative et pas raisonnable. Il ne parle pas de la douleur du corps, psychologique ; par exemple j’ai mal à la cheville là je me prends déjà pour quelqu’un, je suis déjà dévalé, je suis dans la conscience de l’égo. Là il y va de pouvoir être, une dimension existentiale. Tout parle, mais je n’ai pas de lieu défini de parole : la cheville, le mimosa, le clou… tout parle sans prétendre que quelque chose serait plus signifiant. Souffrir c’est le seuil, c’est endurer cette dif-férence qui ne peut jamais s’arrêter, c’est « pétrifia » mais c’est quelque chose qui est là maintenant, ce n’est pas passé. Il n’y a pas une vérité préétablie, il n’y a pas une bonne manière de faire ! Il n’y a qu’ à dire et on risque l’interprétation quand on veut être sûr de quelque chose, on l’a déjà maîtrisée et on ne se laisse pas venir avec. Quand on veut bien dire, on se prend pour quelqu’un.


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