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Le temps comme concept ? le temps comme guise d’être ?


Le temps comme concept ? Le temps comme guise d’être ?

Souvent je me surprend à dire : « le temps file à toute vitesse ». Ou bien je « n’ai » pas le temps...Et pourtant ? De quoi est-il là question qui nous semble si « évident » que nous n’y prenons pas garde ? Et puis de quelle « garde », de quelle attention, est-il là question si je prête l’oreille à ce que ces paroles me donnent à entendre d’inouï ?

L’évidence : ce qui va de soi, et qui du coup ne nous requiert pas ? Ou bien qui nous requiert sur un mode particulier, celui de « l’habitude » ? Celui où ce qui nous est évident nous apparait comme tel pour tous et par conséquent ne mérite pas la peine de nous y arrêter. Et pourtant nous sommes témoins de par notre profession de psychothérapeute, de la façon dont ces « évidences » tissent de profonds malentendus entre les humains, les précipitant soudain dans une « inquiétante étrangeté » comme disait Freud, autre manière de dire ce que nous nommons angoisse.

« L’habitude » encore un mot qui mériterait plus d’égard dirait ma grand-mère ! Habitude : ce qui nous est familier et ne nous pose pas/ plus question. Ce qui ne m’appelle pas à y venir en conscience/ présence et qui pourtant ne l’était pas habitude avant que, réitéré, ce geste passe inaperçu. Il fut un temps/ une époque par exemple où marcher n’allait pas de soi. Une « époque » pour dire un moment de cette vie qu’il m’est donné d’exister dans la mesure où je m’y com-porte, parmi d’autres humains ou autres étants. Une époque ou bien un temps de cette existence, en l’occurrence ici celui de ma toute petite enfance lorsque je découvrais et m’éprouvais la fragilité de l’équilibre pour apprendre à ne pas chuter.

L’habitude se tisse au fil de mes gestes : une sorte de creuset qui dessine ce auprès de quoi/ qui j’éprouve me tenir, prendre place. C’est dire qu’il y va à chaque fois d’une façon, d’une tournure, d’une ambiance et de dessiner mes entours : ce auprès de quoi/ qui je vaque. Une geste au sens où mes actes ne sont pas seulement un faire efficace, un acte métrique ainsi qu’une mécanique, qu’ils tracent une histoire, appelant à signifier. Mes actes donnent sens, direction, saveur , dimension et signification tant à un « moi » qu’à un quelque chose par où ce « moi » prend place en ce qu’il est tenue d’un rapport. Ils témoignent et tissent un rapport, une situation, une manière de prendre part et place.Ils esquissent un monde au gré de mes agissements. Ainsi l’habitude exprime une manière d’habiter : un pouvoir être quelque part , un ici qui prend sa dimension de ce rapport affectif/affectant, une façon d’être-au-monde, celle-ci plutôt qu’une autre, et un monde, tel plutôt qu’autrement. Une habitation mondaine évidente c’est-à-dire où je n’ai pas le sentiment, la con-science d’y prendre part et d’en esquisser et décider la forme. Et pourtant ? N’est-ce pas cela qui augure les tourments qui conduisent quelqu’un à venir consulter ? Quand soudain ce qui allait de soi devient récalcitrant et augure détresse ? Un petit rien qui vient déchirer l’oubli de ces décisions/ significations inaperçues qui colorent chacun de nos actes et qui soudain prennent une dimension étrange, une tournure de monde qui nous convoque à prendre décision de reconduire cette geste ou la suspendre et où nous nous y éprouvons vertigineusement. Soudain la trame familière disparait et révèle une ouverture qui nous transit d’effroi : il nous échoit de nous y décider pour une manière de dire/ agir et nul là ne peut se substituer à nous. L’habitude : à la fois ce qui va de soi le plus souvent et ce qui parfois nous appelle à nous y décider, à y venir en présence avec le goût de la fraicheur native d’un choix . Ce vertige et cette présence alors plus pleine ...Qui nous fait éprouver que le plus souvent je m’oublie ...Je suis ce que je fais et sans y prendre pleine conscience, sans y prendre pleinement place.

Alors quand je dis que « le temps file », maintenant me vient encore une parole de ma grand-mère « fais attention à ne pas dire une chose plus grosse que toi ! » . Une chose dont je ne mesure pas la portée, dont je n’assumerai pas la responsabilité d’une décision subtile et autre que raisonnée. Autre façon de donner à entendre que « il est de l’essence d’être de s’oublier » pour reprendre un propos de Heidegger. Non pas que nous l’ayons égaré ou laissé quelque part à la manière dont je peux avoir oublié mes clés de voiture. Bien plutôt que notre mode quotidien, familier de prendre soin de notre charge d’être humain, c’est l’oubli.

Quel rapport avec cette histoire de temps ? Le sentiment de vitesse, d’accélération, nous savons bien d’un savoir tout autre que rationnel que ce n’est pas un effet mécanique : nous ne sommes pas un tube de dentifrice que l’on presse ou une pédale sur laquelle « on » appuie pour que le pas aille plus vite. « L’accélération » nous appelle à entendre que le temps passe sans que nous y prenions garde. Et si cela nous op-presse c’est bien qu’il y est là question de « quelque chose » qui nous concerne et nous presse quand soudain l’oubli qui signe notre quotidienneté se manifeste. Est-ce le vertige de la vitesse ? Ou bien celui de soudain éprouver que le temps nous est compté...le temps que mesure le sablier qui peu à peu se déverse et dont l’écoulement bientôt cessera, bientôt, pas encore maintenant, une manière d’évoquer un à-venir inéluctable. La quotidienneté témoigne de notre manière d’oublier que nous avons à être humain c’est-à-dire que nous sommes ouverts pour des possibilités d’être pour un certain temps, celui de notre vie, celle-là que nous existons en enchainant des actes que nous justifions habituellement en disant « il faut bien le faire, parce que on doit, ou parce que c’est comme ça que l’on fait ».

Alors l’accélération est-elle celle du temps ou bien cette saveur de ma prise en conscience fugace et fulgurante que mon temps est limité et qu’il m’échoit d’en tisser les formes ? Une intensité soudaine qui serre la poitrine avant de disparaitre comme elle est venue. Accélération ou bien intensité éprouvée, haute intensité comme on dit en Gestalt-thérapie ?

Affinons encore le mode d’être qui signe notre quotidienneté habituelle : nous vaquons à des activités machinalement, sans nous y pencher de manière délibérée ou résolue. Nous faisons ce qui est prévu, planifié , des activités professionnelles ou culturelles ou ménagères etc. Nous vaquons comme « on » vaque. Le « on » , un mode d’être de la quotidienneté qui dit personne en particulier et tout le monde et qui oublie la singularité d’une existence, sa mienneté qui s’ouvre lors des moments de crise, quand soudain j’éprouve la question « qui ? ». Dans la quotidienneté « rien » ne nous questionne , ne suspend notre affairement. Et notre époque est bien celle de l’affairement déchainé : nos agendas remplis et planifiant des semaines, des mois et même des années, ne nous laissent pas de répit. Nous oublions et nous y oublions : prendre part en conscience, comprendre devient équivoque ; voir et s’étonner y prend saveur de curiosité , et parler y prend dimension de bavardage. Et ce « je » qui sans cesse donne son opinion est encore une figure du « on » quotidien.

Peut-être pouvons-nous maintenant envisager que ce que nous appelons « le temps file » n’est pas un temps hors de nous, un temps calculé ou scandé par des horloges, un temps conçu comme succession linéaire d’une unité de mesure découpable à l’envi et à l’infini. Cette façon de considérer le temps, celle qui permet de fabriquer des agendas, est une façon de prendre le temps du point de vue rationnel et technique. Un temps que nous pouvons gérer et maitriser un temps que nous avons sécurisé : c’est cela que raisonner veut nous dire. Rendre raison, rendre compte, calculer, réduire à une mesure objectivée ce que temps nous appelle à entendre et qui nous concerne au plus haut point et que nous oublions dans l’affairement . Ainsi le temps se gagne ou se perd et s’assimile à l’argent maitre mot du système capitaliste caractérisé par la gestion de stock : nous gérons notre argent et aussi notre « capital santé ». Dans le même mouvement, raisonner / rendre compte à fini par user l’épaisseur pathique du verbe penser, le réduisant à un calcul « scientifique » et considérant alors la poésie ou toute autre forme de penser comme une divagation inefficace, une « perte de temps » ! Et pourtant : divaguer, arpenter, flaner cela nous goûte tout autre que regarder le chiffre qui s’inscrit sur un podomètre ! Se laisser toucher par le houppier d’un arbre ébranlé par le vent prend autre dimension que celle d’un cubage de bois.

Ce temps-là , celui de l’efficace ouvre des possibilités pratiques respectables. L’ennui c’est lorsqu’il supplante toute autre manière de la présence. Ce temps scientifique a pu apparaître tel avec l’avènement de la technique signant les temps dits modernes, le développement de la machine. Un regard technique pertinent comme tout mode de voir à condition qu’il retienne dans sa dimension et côtoie d’autres modes possibles. Et c’est là que le bat blesse : lorsque la gestion devient totalitaire : jusqu’à aujourd’hui où l’homme dit « augmenté » devient l’étalon de ce qui doit être : un humain conçu comme réseau cablé de pièces interchangeables selon le goût du jour, un humain dénué de chair et qui se conçoit comme un outil performable et qui peut techniquement changer l’aspect de son corps comme il peut changer les objets qui l’entourent. Le nivellement est une guise de la technique et de l’efficace dont elle s’assortit. Nul souci ici d’une saveur mondaine, d’une geste dont nous aurons à prendre faits et causes. Tout cela est déjà contractualisé par le technicien qui nous prend en charge et puis nous avons des assurances si cela tourne « mal ». La tournure actuelle que prend le soin aux humains, le sytème hospitalier a-t-il encore dimension d’hospitalité ?

Il fut un temps où les heures signifiaient « les heures » : non plus une unité sécable en soixante minutes mais « les heures » celles qui rythmaient le déroulement de la journée humaine, l’alternance des jours et des nuits et qui scandaient non pas des secondes métriques mais le « temps des matines » ou celui de l’angélus. Un « temps » respirant et gouteux, un temps balisant les actes de la journée des humains tels les amers de la marine et ce, au gré des saisons et de ce qui s’offrait à nous : le temps des cerises et celui des moissons, celui du repos et celui du recueil… Le temps éprouvé comme le moment pour, le bon moment pour, moment pour cela et pas autre chose. Un temps sensible. Le « bon moment pour » ne se réduit pas à une quantité de secondes. Vu ainsi le temps n’est plus un stock que je gère mais prend dimension d’un appel à prendre part et place , décider de faire ceci plutôt que cela car "il est temps ». Une décision par où je viens en conscience, je prend part. Un monde se partitionne au rythme de ma présence survenante, de mes orientations ; un maillage d’allées et venues qui donne sens, direction et saveur, signification. Lorsque j’étais enfant me vient que la maitresse faisait l’appel et, entendant mon nom, je répondais « présente » sans être abasourdie par la profondeur de ce simple « faire »…Présente/ présence : prae-sens latin qui dit au-devant-de-soi et non stabilité d’un individu ; qui appelle l’existence grecque, l’eK-stase ; le hors-de, l’ouverture pour se décider quant à une manière d’être ; un com-portement au sens de nous y porter ensemble et d’y trouver sens. Là encore « ensemble « donne à entendre tout autre qu’une quantité d’individus, « Dasein est toujours plus-d’un « dit Heidegger et donc jamais un ou deux, jamais de l’ordre du comptable.

Et nous en venons à cette conception du temps comme chronos ou du temps comme kaïros qui a connu ses heures de gloire au sein de la communauté des gestalt-thérapeutes : avec le gigantesque malentendu de définir le Kaïros comme un temps de très courte durée et le Chronos comme un temps de la durée… Ce qui est une manière d’entendre tout en l’oubliant à quoi Kaïros nous convie : Et si le temps ne se réduisait pas à un stock d’heures à gérer de manière efficace ou bien si procéder ainsi concernait une manière d’avoir décidé, sans en prendre la mesure, de notre façon d’avoir hâtivement répondu à la question de qui nous sommes appelés à être ? De qui nous sommes en tant qu’ayant à être humain , en tant que les obligés d’une charge d’humanité ? Car c’est cela qu’il nous échoit d’être : nous avons charge d’être, de nous comporter de manière humaine plutôt qu’à la manière d’un écureuil ou d’une pierre. Car en effet avoir à être s’assortit toujours d’une manière : la manière d’être d’une tondeuse se situe dans l’ordre de celle d’un outil qui se distingue et prend sa dimension de ne pas être de la même manière que l’écureuil ou l’humain. Ainsi une tondeuse est prise en soin dans la manière dont nous l’utilisons et pour cela nous pouvons nous appuyer sur un mode d’emploi. Pas de mode d’emploi pour la manière d’être conforme à notre humanité... Nous devons nous comporter de manière à prendre en charge, autrement dit à prendre en soin ,en responsabilité, l’humanité qui nous caractérise et nous assigne. L’humanité s’entend alors comme une manière, une tournure d’être, la façon dont être nous est donné et nous appelle à répondre de nos comportements et qui augure des possibilités d’un autre ordre que celles de l’écureuil .

Etre nous oblige au sens le plus noble ou le plus trivial du mot. Et là pas de mode d’emploi ce qui devrait nous imposer le silence plutôt que ce bavardage incessant qui prétend que seul le sondage d’opinion nous nourrit et qui conçoit la souffrance humaine comme une série de problèmes pour lesquels il est des solutions d’avance assurées. … Etre humain, être l’obligé d’une humanité, c’est alors prendre soin de qui nous sommes et devenons à chaque fois et à prendre soin de ceux auprès de qui nous sommes appelés à prendre place et part. A chaque fois prenant forme de nos actes, lesquels, à chaque fois, nous convient à nous être toujours déjà engagés sur le mode de la quotidienneté c’est à dire de l’oubli de cette question (celle de qui ? Qui je suis et devient en advenant ainsi), une question qui ne se tarit d’aucune réponse définitive. Celle qui nous conduit à faire comme « on » fait sans chercher plus loin (ou plus près ?) ou bien cette même question toujours réitérée, toujours nous devançant, qui parfois nous transit d’angoisse, de vertige lorsque le quotidien vacille et nous convie à répondre de nos choix/ de nos actes. Et qui peut aussi prendre saveur de sérénité lorsque nous en acceptons la charge, lorsque nous nous inclinons (là encore il y aurait à méditer de ce que s’incliner veut nous dire et qui se distingue et prend sa dimension d’un rapport à S’écraser ou dominer). Peut-être que c’est par là que nous est ouverte la possibilité de prendre la mesure de notre profession lorsqu’elle se pense comme vocation plutôt que comme posture technicienne ?

Avoir à être humain, exister cette vie qui nous échoit s’entend alors comme obligation de se destiner : prendre acte que chacun de nos gestes nous engage définitivement, nous et ce auprès de qui/quoi nous prenons place sans cesse et que nous devrons en répondre, en assumer la décision même si nous l’avons prise sans y venir pleinement en conscience. Nous destiner c’est dire nous situer en propre , selon ce qui nous est propre , nous donne notre dimension : avoir à ouvrir le site pour une présence humaine auprès d’autres formes de présence.

Nous situer où ? non pas en un lieu géographique plutôt quelque part au décours de notre existence, entre une naissance toujours-déjà-ayant-eu-lieu et la mort qui nous devance. Le temps devient alors affaire proprement humaine, celle de notre responsabilité d’avoir à choisir chacun de nos actes en ce qu’il est charge signifiante, décision d’une orientation , d’une signification de notre vie, ce temps biologique limité qui ouvre la question du sens et par là de ce que veut dire pouvoir être-au-monde. Alors le monde retrouve sa dimension de réseau de conjointure, de contrée : ce/ceux auprès de quoi et parmi lesquels je prends part et place, là où il advient un monde, un maillage signifiant : au moment opportun, celui d’une décision résolue qui m’engage, me donne faveur de monde, moment pour . Ici le chronomètre ne me serait d’aucun secours !

Ainsi le temps ne serait pas seulement un avoir ou une mesure calculable ? Il prend dimension de destinée humaine, une affaire de sens dans toute son épaisseur : direction, signification et saveur de monde, une manière d’être qui caractérise l’humanité. Kairos , le moment de la décision par où chacun est appelé et répond de sa manière d’être : parti-pris-d’y-voir-clair-en-conscience.

Alors le temps je ne l’ai pas, je le suis ! Pouvoir être temporain, le temps d’une existence, celui d’une habitation langagière où tout prend part et place de se signifier , de se signer de sa pâte d’être et de ses variations mondaines pour nous les humains., en s’y décidant , en -y-venant-résolument-en conscience.

Heidegger demande : « Pourquoi dit-on que le temps passe plutôt qu’il vient ? » et cela vient faire écho à cette phrase du langage populaire « son heure n’est pas encore venue ».   Le temps devient alors la question qui nous transit d’humanité et d’ouverture, obligation pour nous y décider, y venir pleinement en présence : il est temps pour cela avant qu’il ne soit plus temps. Mortel je suis et cette échéance sans cesse différée me devance et m’appelle, me convie à prendre et donner sens : direction, saveur et signification à ce séjour auquel je suis livré. Non plus que le temps s’accélère mais bien qu’il est toujours déjà temps, appel à répondre présent en prenant forme, com-portement, habitation langagière. Chacun de nos actes témoigne de ce temps qui vient, nous devance et nous appelle à nous demander ce qui nous est essentiel avant qu’il ne soit trop tard...Trop tard c’est-à-dire avant que s’achève le cours de notre existence, de ce pouvoir être qui est aussi obligation d’être qui nous échoit.

« La mort mérite bien cela ,le temps de toute une vie pour qu’elle daigne venir à nous » écrit le poète Reiner Maria Rilke. Belle manière de nous clouer le bec quant à gérer nos agendas...il y va de ce sentiment que l’on qualifie comme une vie bonne…c’est-à-dire ? Une vie où nous assumons chacun de nos gestes, ou nous prenons part à veiller de manière digne d’un être humain, celle qui lui donne sa dimension et qui n’est pas un mode d’emploi pré-établi mais bien question :Qui ? question appelant à sans cesse se décider pour une forme d’existence : Gestalt/Gestaltung. Une dignité qui donne à entendre tout autrement que parler de la fierté d’un ego si nous nous laissons ouvrir les yeux et les oreilles .Et qui nous appelle à répondre de nos actes eu égard aux autres manières possibles d’être humain et d’être autrement qu’humain : l’égard et le respect, forme de notre charge d’être qui sont aussi fondement de l’irrespect et de l’animosité qui colore cette époque …

C’est selon… Selon la manière dont nous allons prendre temps/ part/charge.

Saint-salvy de la Balme le 27 février 2023

Bibliographie

Martin Heidegger  - Etre et temps, Gallimard, NRF, Traduction Gilles Vezin, Paris, 1986,589 pages.
-  Séminaires de Zurich,Traduction Caroline Gros, Gallimard, NRF, Paris 2010, 405 pages.
- Qu’appelle-t-on penser ?, Traduction Aloys Becker et Gérard Granel, Presses Universitaires de France, Quadrige, Paris 1959, 262 pages.

Rainer Maria Rilke « Requiem », Traduit par Jean-Yves Masson ; illustré par Alexander Hollan, Fata Morgana, 2004.

Post-scriptum : A l’heure où je clos cet écrit le sol de ma campagne s’est habillé de blanc… Et ce n’est pas la saveur du voile d’une future mariée qui me vient… Me tenaille plutôt celle d’un blanc linceul ! Depuis hier le bruit des avions militaires supplante celui des oiseaux. Un sentiment d’oppression m’étreint lors de cette balade parmi roches et bois où pourtant je ceuille ciboulette sauvage et mâche. Aux informations « nationales » il est annoncé que nous nous préparons à un conflit qui semble inévitable et que les armées s’entrainent. La propagande poursuit son oeuvre et tout est prêt pour que nous considérions cela comme inéluctable puisque « on » le clame. La dernière phrase de mon écrit qui laissait ouvert un « c’est selon » semble soudain si dérisoire. L’animosité fait rage dans cette trame mondiale où il est évident que pour faire cesser un conflit ceux qui nous gouvernent et qui, ivres d’égo et d’avidité, vendent des armes pour faire cesser actuellement la guerre entre Ukraine et Russie… Ceux qui pour « nous protéger » d’un soi-disant virus ont concocté un plan de maitrise totale dans lequel nous courons car « c’est pour notre bien » ce qui nous permet de nous déresponsabiliser et fermer les yeux quant à notre lâcheté morale… Cette propagande, qui en vient même à ce que les humains en viennent à considérer tout geste affectueux , tout mouvement d’approche, comme menace possible de contamination ; qui en vient à ce que nous nous enfermions de nous-même dans nos maisons ,occupe la scène du spectacle , d’une société du spectacle telle que décrite par Guy Debord et bien d’autres. Me vient l’énigmatique phrase de Heidegger « Seul un Dieu pourrait peut-être encore nous sauver »… Cette question d’un « dernier Dieu » qui pourrait remettre peut-être les humains à leur place et qui appellerait une belle « volée de bois vert ». Avec celle-ci vient aussi « Le désert croit… l’extrême péril »… Et me vient aussi le travail de Stéphane Zagdanski avec ce séminaire « Gestion génocidaire du globe » débuté avec le premier confinement. Et je mesure l’énormité de ce qualificatif : « le premier » comme si déjà j’étais prête pour les suivants quelle que soit leur forme…. Le temps de l’extrême péril s’épanouit et serais-je à même de me tenir hors de l’animosité même si cela ne fait que goutte d’eau au milieu d’un océan dévastateur ? « Les petits ruisseaux font les grandes rivières » c’est selon, selon la manière dont chacun va s’atteler à prendre part et tisser les contours d’une humanité respectueuse où dévastatrice ?

Bibliographie supplémentaire :

- La société du spectacle , Guy Debord, 1967 première édition, Paris Gallimard Folio 2018 ,224 pages.
- La dévastation et l’attente, Martin Heidegger, Gallimard collection l’infini, Paris 2006, 128 pages.

Séminaire : La gestion génocidaire du globe, Séminaire de Stéphane Zagdanski ,Renseignements : http://linktr.ee/laggg .

Résumé : « le temps comme concept ? le temps comme guise d’être ? A partir de cette phrase banale « le temps file à grande vitesse » qui caractérise notre époque , nous explorons ce que veut dire la manière quotidienne d’être-au-monde pour un humain. L’appui théorique est la pensée de l’être humain en tant que Dasein (Heidegger). Esquisses quant à la quotidienneté et ce que nous éprouvons comme évidence ; ouverture des manières de concevoir le temps dans l’ordre de l’époque moderne et la façon dont il s’insère dans un voir technique. De là explicitation d’une manière plus essentielle d’éprouver le temps : un pouvoir être propre à l’être humain.


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