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Neuvième compte rendu article "le contact..."


Groupe de lecture Maldiney . Carcassonne

La dimension du contact au regard du vivant et de l’existant (De l’esthétique sensible à l’esthétique artistique)

Compte-rendu n° 9 (mai 2009 suite) Séances des 24 mai et 19 juin 2009. Suite et fin. Page 205 à 212

P 205 « l’intentionnalité du percevoir est en opposition radicale à l’in-intentionnalité du sentir. Le rapport moi-monde, lié par le « et », lié par le « dans » ou lié par le « avec » n’a pas la structure de l’intentionnalité ».Maldiney reprend la distinction sentir et percevoir et évoque l’intentionnalité Husserlienne. Nous comprenons que le sentir n’est pas acte de conscience comprise en un sens classique. L’intentionnalité (la conscience) du percevoir de Husserl réfère à un « je/sujet ». Pour Husserl, la question est : qu’est-ce que c’est pour une conscience que d’être ? Ainsi il pose la question de la possibilité de la connaissance pour un sujet humain. Pour lui, il y a toujours un pôle sujet, un pôle objet. Pour Heidegger, la question est : c’est quoi/qui être ? Il n’est plus question d’une philosophie du sujet mais bien de la question de l’être en tant qu’être et de la particularité de l’humain en tant qu’il est cet étant particulier qui se pose la question de son être ; il y a rupture et nous « entrons » dans l’analytique existentiale. Husserl définit la conscience comme intentionnalité, c’est-à-dire simultanément visée et d’un pôle sujet et d’un pôle objet, tous deux simultanément. Cette conception vient rompre avec la conception classique d’une conscience première qui ensuite se tournerait vers le monde. Les fondateurs de la Gestalt-thérapie se sont référés à cette conception qui posait le rapport indéfectible sujet-monde puisque dire intentionnalité, c’est dire un pôle sujet visant un pôle objet survenant en tant qu’objet (ob-jet). Pour la petite histoire, Husserl fût élève de Brentano que la plupart des Gestalt-thérapeutes ont entendu citer. Il est important encore de distinguer la perception qui est de l’ordre du déploiement du self en mode personnalité et le sentir qui lui nous renvoie au déploiement du self en mode ça…c’est-à-dire un « vibrer à ». Le sentir n’est pas direction de sens ; il est ouverture (Dasein de Heidegger). Et ici nous devons le distinguer des travaux de Husserl quant à la conscience. En effet, nous sommes avec le sentir, convoqués à la question d’envisager la possibilité d’y devenir conscience. Le sentir est de l’ordre du pré-subjectif : il augure la subjectivation en tant que processus de temporalisation et spatialisation de soi. Il précède toute constitution d’un objet et c’est ainsi qu’il est dit par Maldiney « pure phénoménalité ».En Gestalt-thérapie nous parlerons là d’awareness : une « ouverture à » qui n’est pas encore prise en conscience au sens d’un je consisté. Or, le phénomène (ce qui vient à l’apparaître, ce qui se montre de soi-même dirait Heidegger) ne constitue pas un objet (objectité). Nous rapprochons la notion de phénomène de la notion de forme qui qualifie notre pratique de Gestalt-thérapeute. La forme, en effet, n’est pas un objet, un quelque chose délimité, défini par son extension, sa masse. Une forme est un rapport de figuration : un « figure/fond ». Cela nous donne à entendre que notre travail consiste à tenir en œuvre le procès de la forme. La Gestaltung est toujours en œuvre, c’est-à-dire en voie de se montrer et cette monstration est éclaircie c’est-à-dire à la fois éclairement et opacification. Pour reformuler encore : « …in-intentionnalité du sentir. Le rapport moi-monde, lié par le « et », lié par le « dans » ou lié par le « avec » n’a pas la structure de l’intentionnalité » Pour Maldiney, ce « et », ce« dans » et ce « avec » n’ont pas la structure de l’intentionnalité de Husserl, dans le sens qu’ils ne sont pas liés à la conscience. L’humain n’est pas dans le monde, il habite le monde, dans une familiarité, une manière de se « comporter à ». Ce qui explique que « le sentir soit au niveau de la phénoménalité », le percevoir en serait « conversion et cristallisation en objectités ». Dans le percevoir, il y a différenciation moi/non moi, beaucoup plus que dans le sentir. L’art se fonde dans le sentir et non sur le sentir, il n’en est pas le fondement. Pour lui, l’art est la vérité du sentir, c’est-à-dire que l’art est la manifestation de l’être et nous donne à être, à éprouver. Puis il amène la notion d’esthétique et fait une relation de mouvement (trajet) entre l’esthétique-sensible (sentir) et l’esthétique-artistique, qui dans ce cas n’est plus de l’ordre du percevoir (qui est objectivant), mais de la forme. « La forme en « œuvre » dans l’art ». [Certains d’entre-nous comprennent enfin le mot « œuvre d’art », choses mises en œuvre, mouvement…] Pour cela, il s’appuie sur la définition de la forme de Weizsäcker puis nous donne un exemple avec le rythme. Pour Weizsäcker, la forme est articulation sans cesse d’un mouvement organisme/ monde ambiant (qui se définit du mouvement qui le fonde, et sur lequel il se fonde. C’est un monde qui se définit d’un fond se mouvant). La forme n’est pas définie en soi, elle est créée par le mouvement et l’espace spatio-temporel ; c’est le mouvement qui crée l’espace spatio-temporel. Ainsi le sentir s’entend comme sentir-se mouvoir. De même pour le rythme. Chaque note prise seule ne fait pas un rythme. C’est le mouvement de ces notes créant un espace spatio-temporel qui fonde le rythme. Le rythme n’est pas un objet, il ne peut donc pas être perçu. Le rythme nait du sentir, le sentir nait du rythme. Ils « s’auto-fondent » et c’est ce « trajet », mouvement, qui crée la forme sans cesse en formation… En tant que Gestaltistes, ce n’est pas le contenu qui est important (percevoir) mais le processus, ou « trajet » du sentir au percevoir. C’est dans ce « trajet » que nous sommes contraints à être, à exister. Et cela nous renvoie au contacter en tant que direction de sens corporelle avant qu’elle ne soit signification d’un je en mouvement. Pour Maldiney, il y a autant de différence entre formes biologiques, formes artistiques qu’entre vivant et existant (voir CR 4).

« Une forme n’est pas un étant. Elle existe. » Maldiney ouvre ainsi, avec la question de l’art, la notion de mondanéité du Dasein (un existential chez Heidegger). La mondanéité du Dasein pose la question du rapport de l’humain à l’espace et ce rapport est de l’ordre du s’aménager, de l’habiter. L’espace en tant que phénomène : c’est ce qui espace…et non ce qui contient des matières délimitées. Se spatialiser, c’est donc espacer : distinguer ; in-former peu à peu un je et un non-je. La différenciation est tisser l’espace ; se spatialiser. Nous rencontrons cela lorsque nous sommes en présence sur un mode psychotique : le sans distance est cet impouvoir espacer…du coup, pas de possibilité de donner forme : de s’assembler un corps et par là de « se comporter à ». Il n’y a pas différenciation moi/non-moi. Maldiney va évoquer cela en partant de l’art. Il nous dit que l’art prend sol (prend fond), s’appuie sur le sentir mais il n’en est pas le fondement. Nous distinguons ainsi « le prendre sol », le « ce sur quoi je m’appuie » (hypothèse) et le « me fonder en tant qu’existant » : le fondement de l’existence n’est pas un sol déterminé mais davantage un « se tenir à l’avant de soi », un « avoir à me décider pour une forme de ma présence à », forme sans cesse en voie d’elle-même… C’est cela que nous nommons transcendance. L’existence humaine est sensible ; elle ne s’accomplit pas dans le percevoir, elle peut y prendre sol mais en aucun cas, s’y fonder en tant que telle. Sentir est ouverture à l’être pour qu’un monde puisse s’in-former pour un je s’y in-formant simultanément. L’éclaircie, le rapport figure/fond n’est pas réductible à un percevoir. Autrement dit, le sentir qui nous convie à être ne s’épuise pas dans la perception d’un objet.

« L’art prend fond dans le sentir mais sentir n’en est pas le fondement ». Il y a une différence entre prendre fond (définir un sol) et se fonder (fondement sans fond), l’écart des deux constitue la transcendance. Il y a une vérité de l’art en tant que phénomène « il n’est pas la traduction du phénomène, il en manifeste l’être, dont le sentir, propre à l’homme, éprouve l’inquiétude sous l’innocence de l’étant ».

""L’art nous sollicite en tant que sentir et en cette façon, il est vérité du sentir, là où il se dévoile bien plus aisément que sous l’apparente tranquillité d’un objet… Petit arrêt là, car ce passage nous invite à entendre de quoi il en retourne dans certains styles de présence psychotiques : lorsque même l’objet le plus « quotidien » nous révèle à l’étrangeté ; quand le sentir transpire à même le percevoir et qu’il n’est plus alors possible de prendre en main un vêtement par exemple…ou bien lorsque l’objet le plus « anodin » semble capter toute l’attention et conduit à ce rationalisme morbide qui consiste à ne plus pouvoir s’en détacher (style de présence obsessionnel par exemple) dans la quête d’une certitude perceptive impossible. Dans ces situations, nous pourrions formuler l‘hypothèse d’un impouvoir à in-former le sentir en percevoir ou d’un éprouvé terrible de la défaillance du percevoir à dire la vérité du sentir. Ainsi, tout étant ou tout objet nous convie à l’opacité du sentir et l’art, plus particulièrement en tant qu’il n’est pas de l’ordre de l’objectité, nous convoque : Maldiney nous dit qu’il manifeste l’être du phénomène. Et il ajoute que la vérité dont il est ici question (aléthéia) est tout autre que la vérité comprise comme passage de la certitude sensible à la vérité du percevoir (Hegel et peut-être alors vérité conçue comme aedequatio intellectus et res). Le percevoir n’épuise pas la possibilisation et la passibilité du sentir…il ne peut en être la vérité au sens du dévoilement.

« De l’esthétique-sensible à l‘esthétique-artistique, le passage n’est pas du sentir au percevoir. Celui-ci est un acte objectivant alors que les formes esthétiques-artistiques ne sont pas des objets mais des trajets » Le trajet traverse alors que l’objet est posé devant. L’origine du mot esthétique c’est le sentir, la forme esthétique-sensible convie à un chemin qui ramène à soi.

P 206 Les formes biologiques s’articulent dans une articulation mouvante. Pour nous, il y a intériorité réciproque du sentir et se mouvoir. Par exemple la marche = articulation mouvante. La première articulation est la co-naissance, la deuxième étant le déploiement simultané de l’organisme et de l’environnement : tout ceci constitue le trajet.

« La forme .........est le lieu de rencontre de l’organisme et de l’Umwelt » La forme n’est pas un étant, un quelque chose : elle est trajet, sentir, se mouvoir, propre d’un existant...toujours en précession (en avant de ce qui précède) : en voie d’elle-même (Gestaltung), elle n’est pas positivité (quelque chose de défini, circonscrit : une brosse à dents = un objet positif, pas une forme). Ce trajet nous évoque ce que, en Gestalt-thérapie, nous nommons frontière-contact : une distinction moi/non-moi qui permet le « se comporter à », se diriger. Cela augure un entre, cela espace et donne consistance : un lieu où je séjourne et d’où je me comporte à. Ce entre n’est pas de l’ordre d’une distance métrique mais de l’ordre du espacer et il est éminemment symbolique (langagier). Il s’agit de distinguer donc les structures existentielles du contact en oeuvre au cours du procès de la forme (qui est trajet pour un existant : d’où notre attention de Gestalt-thérapeutes sur les processus formels car à leur occasion, un je se destine, élabore un trajet : une forme de présence à.) Nous retrouvons en GT la notion de forme : le rapport figure/fond. Ce rapport indique bien qu’il n’y a pas de délimitation à priori mais un rapport (ou un trajet). Il n’y a pas un bord premier de la figure ou un bord premier du fond : c’est le rapport en oeuvre qui produit la forme : un rapport figure/fond et ce rapport se comprend comme spatialisation de soi au monde : capacité d’espacer ; espacer est alors in-former sa présence corporelle. Figure et fond se suscitent mutuellement : une forme en oeuvre et en ce sens, la forme n’est décidément pas un objet, elle est éclairement, dévoilement.

P 207 « …l’organisme meut l’espace avec le temps » : les directions de sens s’effectuent à partir du corps, se mouvoir de soi-même ouvre l ‘espace et le temps. Un rythme n’est pas objectivable dans l’espace : il donne forme en même temps qu’il prend forme (ex pris : tennis, musique) Denis nous parle du mouvement du tennis où l’on sait d’où l’on part, on sait où on doit arriver, mais le comment est inconnu et c’est à chacun de le créer. De même pour le rythme. Chaque note prise seule ne fait pas un rythme. C’est le mouvement de ces notes créant un espace spatio-temporel qui fonde le rythme. Le rythme n’est pas un objet, il ne peut donc pas être perçu. Le rythme naît du sentir, le sentir naît du rythme. Ils « s’auto-fondent » et c’est ce trajet, mouvement, qui crée la forme sans cesse en formation. En tant que Gestaltistes, ce n’est pas le contenu qui est important (percevoir) mais le processus, ou « trajet » du sentir au percevoir. C’est dans ce « trajet », à cette occasion, que nous sommes contraints à être, à exister. La forme n’est donc pas un étant : ce n’est pas une Gestalt mais une Gestaltung .

« Cette précession de soi est déjà en instance dans le contact humain au niveau du sentir - quand avec l’évènement nous advient l’étonnement que l’étant soit ». On pourrait signifier cela dans la relation thérapeutique comme étonnement d’y être ainsi que le patient. Comment Weizsäcker qui ne fait pas la distinction entre sentir et percevoir arrive à créer des formes artistiques ? La forme n’est pas définie en soi mais il y a une articulation permanente d’un mouvement organisme/monde ambiant : cela se définie par un mouvement qui le fonde et sur lequel il se fonde (monde = trajet) Maldiney reprend cela par le biais du rythme. L’œuvre est toujours en voie d’être à l’occasion du sentir. En thérapie, soit on considère que l’humain rencontre des objets (relation d’objet de G Delille - nous pouvons en effet décomposer l’espace en trois dimensions : dans ce cas, nous nous rapportons à un objet : contenu de la thérapie qui ne nous implique pas en tant qu’existant mais qui nous suscite en tant que réfléchissant) ; soit on s’occupe de la forme que la rencontre occasionne en partant du sentir, car l’homme n’est pas dans le monde, il habite le monde dans une familiarité, une manière de se comporter à, ce qui explique que « le sentir soit au niveau de la phénoménalité », le percevoir en serait « conversion et cristallisation en objectités » (p 205) Le rythme augure le volume. Un objet, je m’en sers ; une sculpture, je m’y arrête, je m’y éprouve, elle me suscite comme vibration, comme rythme.

P 209 La sculpture de profil indique la narration (l’histoire/déploiement du self en mode personnalité ; ce qui tisse une continuité), et l’action (l’action est toujours dans le temps : temporalisation et localisation aussi) De face, la sculpture nous convie à une présence nue qui nous convoque. Une fascination du vis-à-vis que nous n’avons pas dans la représentation de profil où nous allons d’un point à l’autre. Dans le vis-à-vis du visage, nous sommes saisis... Reprenant les travaux de Szondi, Maldiney évoque un contact m ambivalent : c’est-à-dire à la fois s’accrocher (m+) et rompre (m-)/ni s’accrocher ni rompre, fascination où saisissement-désaisissement sont à l’oeuvre, pour parler avec un verbe de contact. Nous n’appréhendons pas un visage de face par ses contours mais d’emblée du centre...une expansion pulsatoire (comme les mouvements du coeur) ; le visage ne se déroule pas selon une chronologie (comme un récit), il s’expose et nous expose à y être-le-là. Ici le contact se révèle dans une dimension existentiale : il nous convoque à l’intouchable (cf. la caresse : un mouvement infini d’approche (Erwin Strauss « Du sens des sens » édition Jérôme Millon), au visible et à l’invisible de Merleau Ponty et aussi au rapport, le « / » figure et fond : une frontière contact toujours en esquisse et pas fixe, positive : le contacter de la Gestalt-thérapie...un sentir en esquisse, toujours « raté » en même temps que saisi : rupture en même temps qu’accroche.. Du point de vue thérapeutique, nous avons une attitude similaire sur la décomposition de l’espace lorsque nous nous penchons sur des Gestalts comme sur des objets que nous expertisons. Parler d’une Gestalt figée, c’est adopter une posture de savoir ou de symptôme. Il est une autre façon à laquelle nous sommes d’emblée sensible. Quand on regarde une Gestalt non plus comme un objet mais comme une forme à l’œuvre, elle nous convoque à l’immédiateté du sensible. En Gestalt-thérapie, on pourrait appeler cela le contacter qui augure la rencontre de deux existants. Le contacter se retire à toute élaboration. C’est le mouvement invisible à quoi nous convoque la sculpture.

P 210 à 212 L’espace n’est pas la chose étendue, n’est pas les limites du corps. Si l’on reprend la définition d’Aristote qui dit que l’espace est ce qui contient des objets (rapport contenu/contenant), nous sommes conviés à une autre définition : celle où une forme se forme en suscitant son lieu (définition de l’espace chez Heidegger – Séminaires de Zollikon - : l’espace est ce qui espace). Ex du fœtus : avant, on pensait qu’il se construisait - les doigts qui poussent - alors que c’est l’espace qui aménage des doigts à la main. L’espace survient du « s’aménager » les doigts à la main (qui donne forme à des doigts). Le rapport contenu/contenant s’oppose à l’idée de l’oeuvre d’art. Ex. d’une sculpture de Giacometti qui déploie l’espace et le lieu : l’espace se révèle là comme ce qui nous invite à un trajet. La représentation du volume de la sculpture se révèle par où l’on éprouve. Cela ramène la question de l’existant qui se montre dans une évidence sensible, cela peut être comparé à l’art dans sa dimension existentiale : celle du contact (le volume n’est pas la géométrie tout comme la géographie n’est pas le paysage – cf. Erwin Strauss)

Autrement dit « il n’y a pas un dedans opposable à un dehors. Il y a d’abord cet échange, à partir duquel un espace radiant, qui est de clarté et de lumière, s’intériorise à soi pour s’égaler lui-même » Ce qui nous convie à entendre le contact comme trajet, chemin, révélant son opacité qu’il nous appartient, en tant que Gestalt thérapeute, d’in- former en y advenant nous-même à l’occasion de cet autre y advenant également.

… Du côté de la Gestalt Thérapie, on ne va pas se pencher sur la signification (contenu) mais on va se laisser accueillir le rythme vibrant (le contacter) : ce qui me vient, qui me bouge, qui me met en mouvement (et qui est accordé à la situation). C’est le rythme qui augure un espace et ce corps que je deviens en mouvement (Cf. principe de champ possible rapport pertinent). Nous disons en mouvement parce que ce mouvement me vient (ce n’est pas un « faire ») et je m’y laisse aller et ce « m’y laisser aller » nous convoque l’un et l’autre : début de différenciation, de subjectivation. Par exemple : Le mouvoir fait la main (en creuset) recueillante et simultanément espace, l’espace accueillant. Tous deux fondant la possibilité d’y être et informant une modalité d’être : j’y adviens, je prends forme, ici, maintenant, et ensuite… (… j’y adviens, je prends forme, ici, maintenant, et ensuite… j’y adviens, je prends forme, ici, maintenant, et ensuite…)

Maldiney conclue : « le rythme : vérité du sentir ! » En Gestalt-thérapie, nous pourrions dire que cette conclusion est une manière de dire le contacter du point de vue de la forme et non du point de vue de l’objet. Il n’y a pas rupture de contact qui impliquerait un début et une fin. Nous travaillons à expliciter le phénomène et non à expliquer le symptôme, à susciter la Gestaltung et non à boucler une Gestalt qui serait arrêtée, figée, fermée… Nous faisons l’hypothèse que de parler de Gestalt inachevée ou figée reviendrait à confondre les notions de forme et d’objet. La forme est le propre de l’existant.

Le groupe Maldiney convient de terminer à cet endroit la lecture de cet article et de ne pas poursuivre sur la deuxième partie. Cet article remet bien en chantier la notion de contact peut-être un peu trop prise pour évidente.