www.edithblanquet.org
Accueil du site > Enseignements de Gestalt-Thérapie et phénoménologie, de Daseinsanalyse > Activités de recherche au sein de l’EGTP > 1.4.4 Article "Le contact" de Henri Maldiney > Cinquième compte-rendu. Article "le contact"

Cinquième compte-rendu. Article "le contact"


La dimension du contact au regard du vivant et de l’existant.(de l’esthétique-sensible à l’esthétique-artistique)

Compte-rendu N°5Groupe de lecture Maldiney ; Carcassonne. 

Pages 196 à 198 : « Pour exprimer de plus près le procès……/…….quelqu’un, qui de même, est. »

Maldiney ouvre la nuance entre vivant et existant.

(Page 196) « Pour exprimer…quelque chose lui est ouvert » Dans le procès (processus, quelque chose qui se déroule) de la vie, Heidegger, pour définir le comportement de l’animal, emploie le terme de poussée vitale, de l’ordre du pulsionnel.C’est une poussée (Trieb), ce n’est pas un "se comporter" au sens de choisir, décider. Le jeu pulsionnel est une manière globale de vivre. On ne peut le découper comme l’assemblage de différents éléments.Nous regardons le comportement de l’animal comme un "sentir-se mouvoir", un "se mouvoir" non élaboré, sans médiation par la conscience. L’animal évolue donc dans un cercle d’impulsion en impulsion, les pulsions se renvoyant de l’une à l’autre. Il est toujours pris dans un réseau de renvois, comme dans un anneau circulatoire ; ses possibilités sont limitées par le jeu pulsionnel. Il n’est donc pas dans une ouverture, une possibilisation de soi.La notion de cercle nous renvoie au « cycle de la structure », dans le livre de Victor Weisaecker, qui reprend la question du comportement comme quelque chose de circulaire. Dans cet anneau circulatoire l’animal n’a pas de choix possible. Il est pris dedans et ne peut pas se décoller pour se prendre en vue, c’est à dire se symboliser dans le sens de l’accès langagier ; il n’y a pas cette notion de conscience réflexive, ou de devenir de la personne. Du point de vue des Gestalt-thérapeutes que nous sommes, tout comportement comme "l’être-pris", réfère à l’awareness.

(Page 196) « L’être auprès de soi……en personne. » L’ipséité, c’est l’identité dans le versant altérité, dans le sens devenir autre. Selon l’étymologie, « l’idem » est le : « comme moi », alors que « l’ipsé » est : « l’autre de moi, le next d’où je peux devenir ». L’animal est pris dans un agir, il n’a pas la possibilité de sortir de ce cercle. Il n’a pas l’ouverture d’une transcendance. Il est absorbé en soi et non ouvert à soi, alors que l’être humain, à travers ce qu’il fait, est toujours dans un rapport à soi, c’est à dire à qui il peut être.

(Page 196/197) « Le comportement……Umwelt » Le Ein de Eingenommenheit indique un mouvement vers l’intérieur, dans le sens d’être pris dedans.Maldiney regarde aussi le mélancolique comme pris dans un anneau circulatoire dans le sens ou les possibilités ne sont pas ouvertes. La seule possibilité consiste à ouvrir le passé comme un futur qui sans cesse se rejoue comme passé : "si j’avais…alors…". Cela n’ouvre pas la possibilité d’un évènement, mais ça reste un dire qui sans cesse reconduit l’évènement non assimilable. Il n’y a pas de next car il se replie comme ayant eu lieu d’où l’image de l’anneau évoquée dans ce passage.C’est le "se-comporter-à" qui fait le lien, pour l’auteur, entre l’animal et son Umwelt (Umvelt : traduction automatique de internet : environnement). Nous comprenons l’Umwelt comme le milieu, le monde ambiant, là où je vis, de l’ordre de l’espace du paysage (au sens de E Strauss) qui s’ouvre à même ma présence –en opposition à celui de la géographie-, où le lieu n’implique pas forcement celui d’un vivant (car il est métrique). L’animal impliqué (pris dans un pli) dans un cercle (en opposition à expliqué : sortir du pli) vit en résonance (ils « sonnent » ensemble) avec son Umwelt. Cela nous renvoie à l’immédiateté, l’awareness.

(page 197) « Un échassier…  » Ce passage nous permet d’aborder la différence entre les concepts gestaltistes que sont awarness et consciousness. L’awarness, c’est le « sentir » toujours lié à un « se mouvoir », ce n’est pas médiatisé. (définition classique de l’awareness en Gestalt-thérapie : conscience immédiate et implicite) J’ai faim, je mange : c’est un exemple d’action aware dans le sens où l’acte est évident et pas forcément pris en considération, réfléchi et élaboré peu à peu. Selon notre exemple, le « j’ai faim » ne précède pas l’acte…c’est un mode d’évidence, sans déploiement du self pourrions nous dire. L’animal est aware, d’où son efficacité redoutable : quand la proie passe, le « geste de prise » advient en même temps.« Sa proie » : c’est le geste de prendre qui va le faire proie, ce poisson, et qui va le faire monde ambiant pour l’échassier. Autrement dit, c’est le mouvement lui-même qui donne alors au poisson son statut de proie pour l’échassier. Maldiney nous dit que l’écart proie/prédateur s’annule. Cela signifie que pour l’acte de saisir que l’échassier effectue vers le poisson, alors à ce moment de l’acte, il n’y a plus ni poisson ni échassier chacun dans leur monde ambiant (un cercle de l’Umvelt se ferme) mais survient une proie et un prédateur ; Ils s’in-forment en tant que proie/prédateur c’est-à-dire une Gestalt.Il existe plusieurs cercles possibles du monde ambiant : à un autre moment, l’échassier, dans la même situation, pourra ne pas être intéressé et donc ne pas attraper l’animal qui n’apparaît pas alors comme une proie possible dans ce cercle d’immédiateté. Ce n’est pas un cercle mécanique, fonctionnel. C’est un cercle de comportement dans le sens d’aller à : l’animal est toujours dans une espèce de direction au sens pulsionnel. La pulsion est une forme d’ouverture par rapport aux autres modes des étants possibles, par exemple le mode des objets. L’autre n’est pas un étant, il est monde ambiant de l’échassier. Pour l’animal, il n’y a pas d’autre comme étant : il y a un entourage, il se comporte donc dans un entourage. Il n’est pas au monde, il n’y a pas de recul, il ne s’y éprouve pas. Au moment de l’action, il ouvre et il ferme des cercles de son monde ambiant qui est circulaire, fini en possibilités. L’être humain dans son comportement est hors de soi, il est ouvert en possibilités. On ne peut ni les lister, ni les imaginer toutes.

(Page 197) « Cette ouverture n’est pas celle d’un existant……quelqu’un qui, de même, est ». Maldiney parle de cette ouverture qui fait que l’échassier a un Umwelt, qu’il est dans un comportement (dans le sens de se comporter à l’intérieur d’un cercle, dans une includence).Un crayon n’est ouvert à rien, il n’est pas vivant, il n’a pas d’awarness. Chez le vivant, il y a une conscience de l’ordre de l’awarness. Chez l’être humain il y a de la consciousness.On revient à l’idée du transpassible/transpossible, c’est à dire tout ce qui n’est pas attendu, qui peut surprendre, qui arrête, qui amène à penser. C’est de cette coupure de soi à soi que le hors d’attente survient. La coupure en question est la possibilité pour l’Homme d’être en awarness et/ou en consciousness. La coupure est le caractère "/" qui caractérise l’Homme par rapport à l’animal qui lui ne peut être que dans le monde. Chez l’animal il n’y a pas de coupure entre l’animal et son monde.Ce "que dans le monde" que Maldiney appelle le sérieux, le sans-distance, le pris-avec. Cela nous renvoie à la position de quelqu’un qui est dans le subir et ne peut pas se détacher pour en rire et, par là même, s’ouvrir à d’autres possibilités. L’animal est toujours dans sa capacité même, impliqué en soi. Lorsque l’être humain peut se-rapporter-à…, commencer à voir d’autres façons de…, alors il n’est plus pris-avec, et ça le reconduit à son pouvoir être.


Au sein du groupe s’ouvre un échange autour de questions comme :Est-ce que la thérapie est accessible à tout humain ? La question est posée pour certains êtres humains avec peu de bagage culturel, de langage, ou un accès difficile à celui-ci. Cette question nous renvoie à notre définition du pathologique : nous le définissons comme éprouver le sentiment de subir sa vie, de ne pas pouvoir se comporter différemment. Cela nous renvoie également à une conception de l’humain : nous évoquons la conception structurale classique en psychologie : une conception avec théorie des lieux psychiques, structuration progressive au fil du développement…. Si nous nous référons à une ontologie, c’est-à-dire à la question de l’être et de comment entendre cette question, du côté de l’être humain compris comme Dasein, les possibilités sont ouvertes : il suffirait donc d’une rencontre qui se tisse avec patience….