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Huitième compte rendu, article "le contact"


Groupe de lecture Maldiney . Carcassonne

La dimension du contact au regard du vivant et de l’existant (De l’esthétique sensible à l’esthétique artistique)

Compte-rendu n° 8 (mai 2009)

De la page 203 : "Cette différence n’est pas toujours….. à la page 205 : ….., à l’objet catoblépas"

page 203 "Cette différence n’est pas toujours marquée ni reconnue, (……) sa vérité dans le percevoir" Maldineynous dit que la différence entre le vivant et l’existant n’est pas toujours reconnue, notamment par les auteurs qui, comme Erwing Straus et Victor von Weizsäcker, font une différence entre sentir et percevoir. Weizsäcker va absorber le sentir dans le percevoir. Finalement cette distinction s’atténue, en tout cas elle n’est pas posée comme particulièrement importante. Straus distingue le sentir qu’il réserve au vivant et le percevoir qu’il réserve à l’existant. Le percevoir renvoie au mot, le sentir au cri. Le mot est déjà une signification, c’est à dire une ouverture d’un monde (la signification est une forme déjà in-formée). Quand je dis un mot, j’ouvre une manière de me rapporter et de signifier à partir de moi-même. Du sentir au percevoir s’ouvre un monde, un réseau signifiant. Dans le percevoir, il y a une signification élaborée, alors que dans le sentir (le cri) il y a une direction de sens (un processus d’in-formation qui adresse mais qui ne dit pas une signification) ; les directions de sens renvoient à la spatialisation que le "corps se mouvant" indique : un comprendre de l’ordre de l’awareness, un passible. Notre rôle, en Gestalt-thérapie, est de faire prendre conscience à la personne des significations qu’elle donne à un sentir, ce faisant nous la reconduisons à sa possibilisation. Le percevoir est déjà une prise en forme de lui-même, mais le sentir est beaucoup plus ouvrant. Dans cette prise en forme, il y a un "s’identifier à" qui implique un "s’aliéner à". Dans un rapport figure/fond, le percevoir est l’éclaircie en œuvre (dimension figurative de la forme), le sentir est la partie qui à l’occasion de l’éclaircie en œuvre, s’opacifie (fond /figure). Le sentir fait appel à la conscience définie comme awareness et le percevoir serait de l’ordre de la conscience définie comme consciousness. Le sentir ne se « verse » pas totalement dans le percevoir. C’est important, car si le sentir s’accomplissait dans le percevoir, nous dirions que le sentir relèverait du mode ça du self se déployant et le percevoir du mode personnalité ; nous oublierions que percevoir/sentir procède d’une tension augurant le déploiement du self en mode majeur/mineur de l’un à l’autre.

page 203 "Dans le sentir, je suis le là. (……) : être suspendu à. (page 204)" "Etre suspendu à" nous fait penser au témoignage du chamois (voir les épisodes précédents) : l’apparaître, le surgissement et le sens que l’on y met et qui nous advient à ce moment là. Au moment de l’apparition, de l’évènement, c’est là où nous sommes suspendus, c’est après que nous mettons une signification. La surprise permet le surgissement du mode ego, car nous sommes suspendus, ouverts à notre possibilité d’y être ; et c’est en donnant une signification que nous devenons cet étant là, et qu’un monde nous apparaît : "ça déchire la trame du monde" c’est-à-dire le sol de familiarité dans lequel nous séjournons quotidiennement. C’est comme si toutes les conjointures, tout ce qui va de soi, vacillent et que survient l’étonnement de cette donation par où j’adviens en m’appropriant. La contrainte d’avoir à exister (à nous signifier), nous fait penser à la situation d’urgence de haute intensité. Un patient doit pouvoir assumer cette contrainte d’avoir à se signifier ; pour cela il faut que le thérapeute y aille de lui-même, qu’il y soit question de lui-même, d’advenir lui-même à son authenticité. La posture thérapeutique est une posture de sollicitation qui concerne moi et l’autre, ce qui implique de sortir de cette posture de la quotidienneté où il va de soi que je suis et me définis comme faisant ceci ou cela. D’où la position du thérapeute qui va susciter l’étonnement et non la curiosité. L’étonnement est ouverture radicale et surprise. Dans la curiosité, je suis curieux de….et donc la curiosité est un mode de voir de la quotidienneté. Le seul endroit où je peux m’étonner, c’est de me livrer au péril de l’exister, donc de suspendre mes propres significations : me laisser convoquer et surprendre, d’être le là de tout avoir lieu. L’étonnement, comme le surgissement, ne se nomme pas : il s’éprouve.

page 204 "L’intégration d’un tel vecteur (…..) tournée contre nous."

Maldiney pose que la première forme du contact est "être suspendu à". Il intègre cette forme dans la conception de Szondi. De là, il ouvre cette conception au "entre" à partir de la concavité et de l’enveloppement. Puis il pose la théorie des blancs dans le test de Rorschach ; la manière dont, à partir du regard et de la quotation, on peut les concevoir soit comme un rapport figure/fond c’est-à-dire un processus, une œuvre en cours (Gestalt/Gestaltung : la forme n’est pas synonyme d’un objet), soit comme un objet sur lequel quelque chose est posé. Les termes accroché et embrassé font référence à la théorie de Szondi et de Hermann sur la définition du contact comme fonction. Par rapport à la psychanalyse classique, ces auteurs ajoutent aux notions de pulsionnel, de loi, de libido, la notion du contact comme élément de la pulsion. Nous ne sommes plus dans un pulsionnel libidinal mais dans un pulsionnel de contact. Ils disent que le contact est accrochage ou embrassement. Cela implique la détection, au départ, d’un contact par enveloppement lequel évoque une concavité. L’enveloppement semble englober mais il ouvre en creux. Il se creuse en ouverture. Reprenons le blanc du Rorschach :
  Soit il est ce qui permet de voir un objet, comme dans un rapport figure/fond où une figure claire et brillante se détache d’un fond.
  Soit il est ce qui ouvre à la possibilité d’un objet, ainsi le blanc permet de délimiter, dans une frontière étanche, une figure d’un fond. Nous pouvons ainsi comprendre le contact de deux manières :
  Soit il est ce qui relie la zone de contact. C’est un espace délimité, ce qui fait une frontière étanche, une frontière objectivante, une figure nette et brillante qui se détache d’un fond posé dessous ;
  Soit il est cet ouvert, ce rapport figure/fond sans cesse en voie, où une figure s’éclairant d’un fond se retirant.

page 204 "L’art permet de prendre (…..) l’objet catoblépas (page 205)"

Nous évoquons "l’urinoir" de Marcel Duchamp, le "ceci n’est pas une pipe" de Magritte et d’autres que j’ai la flemme de retranscrire. Toutes ces choses comme ça qui, sortant l’objet de sa quotidienneté, nous ont amenés à nous interroger sur l’évidence des objets ( compris comme si leur signification était donnée comme pour l’éternité et comme une Vérité objective). Sortir l’objet de son évidence pour en faire une récalcitrance, et donc une œuvre. Du point de vue de la thérapie, nous avons là matière à élaborer les difficultés de nos patients à tisser un monde de significations communes, ou bien leur difficulté à prendre en conscience que la signification du monde est simultanément projet de soi…et que donc un pouvoir être se déroule…notre travail est de solliciter ce pouvoir être ; pouvoir s’imaginer d’autres manières de se comprendre, de se comporter. Car la signification prend source dans le sentir, se mouvoir…moi et le monde ; moi avec le monde ; moi dans le monde…dans le sentir, je suis simultanément en acte et en jet (projeter)… Puis nous abordons les modifications des outils de cuisine avec le temps qui passe, et aussi la politique sécuritaire. Bref nous abordons, avec Nietzsche cité par Maldiney, le "c’était mieux avant". Avant que l’homme ne soit aussi sec qu’un grain de café. Avant, quand l’homme savait que l’objet catoblépas est un animal chimérique peu viable en l’état.