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Sixième compte rendu. Article "le contact"


La dimension du contact au regard du vivant et de l’existant. (de l’esthétique-sensible à l’esthétique-artistique)

Compte-rendu N°6

Groupe de lecture Maldiney ; Carcassonne.

Pages 198 à 199 : « Mais qu’est-ce qu’être…… / ……que nous sommes un dialogue. »

Dans les pages précédentes (voir cr5) Maldiney ouvrait la nuance entre vivant et existant. Dans les deux pages qui nous occupent aujourd’hui, Maldiney s’interroge sur la spécificité de l’homme, la transcendance : l’homme, un étant qui a à être (un existant), c’est à dire à se signifier, se comporter à, en devenant proprement lui-même. Par-là, il exerce un pouvoir être : devenir qui il est en se donnant forme au monde. En thérapie, cela nous permet d’entendre la pathologie comme restriction de ce pouvoir être, une restriction à ek-sister c’est-à-dire à mettre en œuvre des manières ajustées de se comporter à ; en Gestalt-thérapie cela nous réfère à l’ajustement créateur de soi au monde qui se traduit par un choix de Gestalten. Ek-sister c’est le contraire de tenir la pose (cf. Maldiney ; article « l’existant »), ek-sister c’est à chaque fois s’inventer une manière de se comporter et de comprendre une situation . Cela indique que nous avons une certaine liberté et une responsabilité dans nos façons d’exister notre vie courante et qu’elle se traduit par les Gestalten que nous énonçons et partageons avec autrui. « Il (l’homme) transcende l’étant vers le monde et vers soi » : l’homme se tient dans un rapport au monde qui n’est pas celui d’une substance incluse. Il est toujours hors de, il se donne forme ce qui n’est pas un fait mais un acte. Le monde est alors compris comme possibilité de se décider pour une forme (Gestalt)., forme qui indique sa manière de séjourner au monde , d’y habiter .

Maldiney développe l’idée de la transcendance pour ouvrir cette prise de conscience d’un écart entre le pulsionnel et l’existentiel. Le pulsionnel renvoyant au déterminisme biologique (le vivant ; par exemple le cerceau) et l’existentiel à cette ouverture au destin de l’humain ( l’existant ; par exemple : la psyché). La psychanalyse, et plus particulièrement Szondi auquel Maldiney se réfère, a contribué à clarifier l’idée d’un destin compris/vécu comme contrainte –les limites de mon corps biologique par exemple-, et l’idée d’un destin compris/vécu comme liberté –me décider pour, désirer. Maldiney reprend cet écart (pulsionnel/existentiel) à partir des notions de vivre et exister qui, notamment chez Heidegger, prennent une dimension différenciée. Vivre n’est pas synonyme d’exister et c’est le verbe exister qui est ici réservé à l’humain. Cette distinction n’est pas une coupure mais une tension sans cesse mobilisée. Il n’y a rien à décider pour vivre alors qu’exister implique une attention, une mobilisation : vivre nous est donné, exister dépend de nous. Maldiney nous dit que Szondi et Schelling ont saisi cette démarcation au niveau du moi. Or, pour lui, cette tension est à l’œuvre avant même une constitution subjective (En Gestalt-thérapie, cela nous invite à regarder la notion d’awareness). Il nous dit : «  …la différence entre pulsionnel et existentiel est présente dès le contact dont elle éclaire le véritable sens là où il s’agit de l’homme. » Pour Maldiney, l’écart se manifeste là où est le contact et non pas au sein du moi. Il convient pour comprendre cela de nous rappeler que nous sommes dans une conception autre que celle de l’humain compris comme sujet, c’est à dire comme préalable à toute forme apparaissant. Pas de fondement (sujet renvoie à sub-jectum : posé au-dessous…) mais une in-formation sans cesse du physiologique à l’existant que le contact traduit. Du point de vue de la Gestalt thérapie, nous retrouvons là un concept qui nous est important : celui de contact .Nous parlons même du contacter qui n’est pas œuvre d’un moi mais ouverture à devenir soi même. Ce devenir soi même se traduit par l’acte de mise en forme opérant simultanément la différenciation ou in-formation (Gestalt ; Gestaltung) d’un je et d’un monde. Nous parlons nous d’organisation formelle : c’est-à-dire une subjectivation que nous regardons à l’occasion du processus de différenciation, d’un rapport de figuration : une figure se clarifiant d’un fond s’opacifiant ; c’est-à-dire une forme ou Gestalt. Et ce rapport, nous, Gestalt-thérapeutes, le sollicitons en nous référant à la théorie du self.

Dans le dernier paragraphe, il reprend pédagogiquement comment Heidegger en est venu à distinguer vivre et exister qu’il réserve au Dasein. Le Dasein est « être-le-là », c’est à dire ouverture pour une éclaircie de l’être, ouverture par où il se comprend et comprend les étants. L’existence indique ce mode particulier du Dasein : l’humain n’a pas d’essence à réaliser, il lui échoit de se déterminer pour une forme de lui-même et du monde. Maldiney traduit Dasein en reprenant le sens historique du mot présence ( prae-sens ; définit comme être à l’avant, s’anticiper). Nous aimons bien cette traduction d’un mot étranger relativement obscur par un mot simple français qui nous parle, à condition de laisser de côté son usage courant qui le réfère à la substance. Il aborde enfin la notion d’apparaître qui sera développée dans le compte-rendu 7. La patence est un mot qui désigne le caractère d’ouverture sur le différent ou sur les choses extérieures. « L’apparaître est dans une contemporanéité d’origine avec le contact » le lieu d’apparaître n’est pas le sujet car l’apparaître va originer et le je-advenant et le non-je auquel il s’in-forme/ils s’in-forment à même le contact. L’apparaître indique l’information, la prise en forme ; le phénomène. Le phénomène n’est pas un fait. Il est l’éclaircie d’une figure à même un fond d’où elle s’éclaire : une forme de ma présence à.