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la parole compte rendu N°10


Compte rendu n°10 Corinne Simon, Frédérique Remaud, Marie Christine Chartier, Edith Blanquet Pierreroutine Septembre 2019 .

Reprise du cadre.

Pourquoi cherchons nous autour de la parole ? Pourquoi Heidegger écrit-il sur l’acheminement de la parole ? Pourquoi dit-on que la parole c’est faire signe plutôt que donner des significations ? En vue de quoi ? Dans quel contexte ? A partir de quelle manière d’être qui concerne humain ? Si on en est là dans un travail de philosophie c’est qu’on se questionne sur comment d’habitude on a compris « que » et qu’il s’agit de repenser ça et pourquoi ? En vue de quel motif ? Heidegger produit quelque chose qui interpelle la manière d’être humain. Qu’est-ce "que" c’est être humain plutôt qu’autre chose et cette manière d’interpeller prend sens dans un contexte d’une manière de penser l’homme et la vie humaine. Si nous ne sommes pas situés avec ça, nous sommes dans un débat d’opinion ( pourquoi Leclerc plutôt qu’Intermarché… ) Cela doit être présent lorsque nous accompagnons un patient. Pourquoi j’accompagne un patient ? Qu’est-ce que les pathologies ? Ce sont des manières d’être angoissé.

Si nous ne sommes pas avec le Genos : comment ça se construit, comment ça se tisse et en vue de quelle question éthique et politique car nous sommes dans "habiter", alors nous sommes dans des débats d’opinions : ça c’est mieux que ça et nous ne sommes plus dans une pensée.

Il y a une manière de penser l’humain qui a des conséquences sur la manière de le prendre en soin, sur la manière de concevoir le politique et ce que serait habiter ensemble ( éthos : séjourner ensemble) ? Cette manière de concevoir amène à dévoiler ce qui fait les valeurs et ce qui fait les rapports d’une époque ; et là, on pense que l’homme est l’animal supérieur parce que doué de langage avec l’idée que le langage est un stock de significations. Heidegger nous amène à penser que peut être cela pose question et que, justement, si le langage était un stock maitrisé de significations alors, il n’y aurait pas de malentendus entre les humains. Qu’est ce qui fait que la parole pose autant question ? Et que l’on développe autant de nouveaux "mots" ? C’est bien qu’il y a quelque chose d’un stock ou bien ?... il faut reprendre tout le schéma de la pensée et la développer dans ce qu’elle a de puissant.

Il y a quand même des bases de cohérence pour dire que ça : on ne peut pas dire, et je peux expliquer pour quoi, ce n’est pas moi qui décide qu’on ne peut pas le dire ! C’est pour cela qu’il est important de questionner, à partir de quoi tu dis ça, d’où tu le tiens pour que ce ne soit pas ton opinion... chercher comment l’architecture s’est construite. Dans quel contexte Heidegger re-questionne t-il la parole, en vue de quoi, et pourquoi il en est venu à poser ces questions là, et quelles conséquences ça a pour notre époque ? C’est vraiment une question d’époque et d’habitation... des manières d’habiter la parole, c’est vraiment une affaire de vie quotidienne. La pensée du Dasein est une posture politique et éthique qui oblige de se tenir avec les autres, ce n’est pas juste une posture avec un patient. La parole nous oblige. Si quelque chose me tarabuste avec toi, je dois te le dire ou je fuis ton regard, je ne peux me tenir car ma "conscience "ne me laisse pas en paix. C’est ça qui nous est désagréable quand il y a une tension, une dif-férence, on a souvent d’avance anticipé que l’on s’expose au rejet. Mais ce n’est pas au rejet auquel on s’expose, on s’expose à penser, à se confronter et à prendre part (responsabilité).

La grammaire ce n’est pas juste des règles techniques, c’est ce qui préside à la signification, travailler les rapports des paroles, qu’est ce que ça fait entendre d’une manière de penser qui est évidente, qu’est ce que ça dévoile, qu’est ce que ça révèle d’un impensé c’est à dire de ce qui fait la conjointure de monde, le familier. Le « pas chez soi » qui nous amène à prendre la mesure de ce qui nous est familier. C’est cela qu’augure le travail de thérapie avec un patient, travail de la grammaire, travail de ce qui est familier, ce qui va de soi, pour le reconduire à sa nouveauté et à la façon dont il y va à chaque fois de "moi-même" en propre ou non. Qu’est ce que tu veux me dire quand tu dis ce mot là ? Je l’arrête et je l’amène à prendre la mesure de ce qui va de soi pour lui et m’amène à prendre mesure de ce qui va de soi aussi pour moi. Ça va tellement de soi qu’il a/ que j’ai du mal à le conscientiser, à y venir en présence. C’est toute la posture de thérapie.

Le travail de thérapie apprend à écouter l’inouï de ce que nous disons et ce qui pro-duit une manière d’être humain. L’angoisse, comment elle s’est toujours déjà structurée et comment il faut ouvrir la structure pour que l’angoisse ne soit pas peur mais ouverture. Il faut arriver à partir de Heidegger à trouver cette simplicité. Heidegger dit qu’il n’y a rien de plus simple, le simple c’est "le carré des simples" en botanique et c’est inouï la puissance et la force que ça a, car là on sort de l’égo ... ce n’est plus la question.

Qu’est ce que la pathologie ? elle nous invite à prendre en soin les formes langagières de l’angoisse, c’est comment l’angoisse/ l’ouverture d’avoir à être, se tisse "au point de croix ou au point de tige". Ce sont les différents points qui existent, les coutures, les tissages qui font ce qu’on appelle l’angoisse quitidienne. Les pathologies ce sont des manières d’être angoissé, celles qui sont les plus communes et qu’on a repérées, cartographiées, pour se donner une ligne pour accompagner un patient en sachant qu’en s’appuyant sur ça c’est autre chose qui va venir, c’est ça la sémio. Faire l’hypothèse d’une carte des formes que l’angoisse appelle en ne perdant jamais de vue que c’est une hypothèse. L’angoisse n’étant pas alors l’angoisse psychologique d’un sujet structuré mais cette question d’être-jeté au monde et d’être appelé à y prendre forme... ça prend une pertinence, ça donne une posture qui est certes exigeante mais tranquille et claire et qui fait que le travail prend sens.


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