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Compte-rendu N°10

Lecture commentée des pages 100 à113


Groupe de Carcassonne avril 2012

Lecture de « Séminaires de Zurich » par Martin HEIDEGGER éditions Gallimard, traduction Caroline Gros …

Lecture des pages 100 à 113

Heidegger reprend sur la question du temps à partir de la théorie de la relativité d’Einstein. Il dit que la théorie de la relativité met en échec la conception du temps physique classique. Il commence à nous faire entendre que ce n’est pas la conception du temps qui est prise en vue mais juste la manière de calculer le temps… On ne pose pas la question du temps ; on le pense toujours d’évidence comme une succession de maintenant. Selon la tradition, le temps est une succession de maintenant qui se compte. La théorie de la relativité va bousculer cette évidence : elle vient à dire que le calcul du temps est relatif, il n’est pas universel. A partir de là, Heidegger reprend la question : « qu’est-ce que c’est avoir le temps ? » Il va nous inviter à cette démarche de penser qui nous conduit à nous laisser entendre ce que la langue nous dit : il s’agit de passer du langage factuel ou du bavardage quotidien à un autre mode de nous rapporter à la parole : nous laisser éprouver comment la langue, la parole vient petit à petit nous concerner de plus en plus et nous amener à quelque chose qui est de l’ordre d’une intensité pathique. On va appeler cela la démarche phénoménologique : passer du fait au phénomène c’est-à-dire ce qui ne se montre pas et qu’il faut chercher ( lien avec le « ensuite » en Gestalt-thérapie : ce qui vient à se montrer). Donc sur la question "d’avoir le temps", il va nous faire travailler qu’est-ce que c’est le phénomène « avoir-le-temps » et non le temps tout seul, un concept abstrait. « Avoir » va amener à décliner différentes manières d’avoir : avoir-le-temps et avoir un stylo ce n’est pas pareil etc. Quand je dis que « j’ai peur » ce n’est pas pareil que « j’ai un stylo ». L’avoir dont il est question n’est pas de teneur identique : cela nous invite par exemple à entendre « avoir » dans le sens de posséder et avoir dans un sens d’avoir à être, un avoir qui nous implique…. (Je n’ai pas mon corps comme je possède un stylo et cela nous ouvre des perspectives par exemple pour méditer de quelle façon l’hypochondrie pose la question du corps…) Mais, pour autant, pouvons-nous dire que l’avoir de la peur est le même que l’avoir du temps ? Et Heidegger va arriver, petit à petit, à dire que l’avoir du temps n’est pas un moment du temps comme la peur : on peut avoir peur un certain temps alors que le temps il est toujours là et impliqué quelle que soit la présence humaine .En ce sens le temps est une forme du séjour humain : une manière d’être-au-monde qui caractérise le Dasein. C’est un avoir qui veut dire une manière de séjourner auprès de . Dans le phénomène « avoir le temps », le temps se temporalise c’est à dire qu’il prend la forme d’un s’attendre, d’un maintenir ou d’un retenir qui donne forme au séjour des êtres humains. Le phénomène donc demande un travail pour arriver à entendre sa manifestation. Il ne se donne pas d’emblée : un travail d’interprétation (Heidegger) ou d’explicitation. Ce qui revient pour nous en tant que Gestalt-thérapeute à tenir compte du « ensuite » (ce qui vient à se manifester et pas s’arrêter sur ce qui est dit comme s’il était clos, fait, terminé …ce qui est dit en tant que phénomène va s’ouvrir à partir du ensuite, d’une manifestation qui va s’épaissir, prendre une dimension pathique, une saveur affective car cela nous concerne. C’est dans l’horizon du ensuite qu’un comportement prend sa signification et s’actualise. Il est tension vers sa possibilité suivante, ouverture pour un pouvoir être d’où un choix prend sens : le moment opportun pour faire ceci ou cela.


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